Foutez-vous la paix! et commencez à vivre a pour ambition de nous libérer de nos carcans. Et ils sont nombreux. Dans un monde qui confond formation et formatage, il devient urgent de se foutre la paix. Ce qui ne veut pas dire faire n’importe quoi, bien au contraire. «C’est l’aveuglement à suivre certaines règles qui nous fait faire n’importe quoi.» Et Fabrice Midal d’empoigner le problème à pleines mains. A commencer par le domaine de sa propre pratique, la méditation. A la pleine conscience, l’auteur préfère la pleine présence. Pas de dogme, ni de recette dans son enseignement de la méditation. Il s’agit surtout d’être présent. «La méditation n’est pas toujours confortable, elle est toujours libération.» Et c’est en étant présent plutôt que conscient que nous parviendrons à la bienveillance aimante, c’est-à-dire à l’estime de soi. L’ouvrage de Fabrice Midal aidera le lecteur à retrouver sa singularité, une singularité mouvante au fil des expériences, des lectures, des rencontres. Etre soi. Telle est la recherche que permet d’effectuer cet ouvrage libérateur. Sans qu’être soi devienne une affirmation égocentrique de notre individualisme. A mettre entre toutes les mains.
Avec ces portraits de femmes remarquables, militantes parce qu’elles ne pouvaient pas faire autrement, Manon Schick, directrice générale d’Amnesty International Suisse, dresse un portrait des Droits de l’homme (et surtout de la femme) à travers le monde. Journaliste, avocate, enseignante, fille soldate, les onze femmes présentées dans cet ouvrage sont des militantes remarquables et pas toujours remarquées. Leila Arikarami par exemple, avocate iranienne qui a longtemps travaillé dans l’ombre de Shirin Ebadi, prix Nobel de la Paix, Ou China Keitetsi, devenue porte-parole des enfants soldats dans le monde entier après être passée par les pires expériences de guerre et de sévices. Violences domestiques, viol utilisé comme arme de guerre, tout démontre que les droits des femmes sont systématiquement bafoués et que les droits acquis ne le sont jamais définitivement. De petites victoires en avancées modestes, ces onze femmes ont un point commun, elle ne baissent jamais les bras. Même après de longs séjours en prison, elles reprennent la lutte, souvent au péril de leur vie, au prix ce l’exil ou de l’éclatement de leur famille. En s’interrogeant sur ce qui motive ces femmes exceptionnelles, Manon Schick nous parle aussi d’elle et de son engagement, des événement qui ont, de son…
Qu’est-ce que le populisme? Est-il possible de le théoriser? La réponse est indiscutablement oui une fois refermé le livre de Jan-Werner Müller, enseignant en théorie politique et en histoire des idées à l’Université de Princeton. Après avoir exposé le populisme en théorie dans la première partie de son ouvrage, et en partie dans la deuxième, l’auteur se penche sur la manière qu’ont les démocrates de se confronter au populisme. Et le constat est assez sévère. La tendance est à exclure les mouvements populistes, eux-mêmes excluants en vertu de leur spécificité: leur prétention a représenter le peuple, le vrai peuple, dans sa totalité. Ne pas être en accord avec les thèses des populistes exclu de facto de ce qu’ils appellent le vrai peuple. Dans le système politique participatif, les populistes ont beau jeu de critiquer les élites qui les empêchent d’accéder à un pouvoir auquel le vrai peuple leur donnerait droit s’il était entendu. Une fois arrivés au pouvoir, les populistes prétendent être empêchés d’agir par les puissances économiques, voire des puissances occultes. La théorie du complot n’est pas très loin. Il est important de préciser que la perception et la compréhension du populisme est très différents d’un continent à l’autre….
Passionnant ouvrage écrit dans le prolongement de la série documentaire Jésus et l’islam diffusée par Arte. La grande majorité des lecteurs sera surprise de découvrir le rôle important joué par Jésus dans le Coran qui évoque notamment longuement la crucifixion. Jérôme Prieur et Gérard Mordillat font un travail d’analyse remarquable, démontrant comment le christianisme est né du judaïsme et comment l’islam est issu de ces deux Religions du Livre. La principale controverse entre musulmans et chrétiens à propos de Jésus réside dans la Sainte Trinité des chrétiens que les musulmans ne peuvent concevoir, Dieu étant Dieu et unique. Les noms de Mahomet et de Jésus, tous deux serviteurs de Dieu, figurent quasiment à égalité sur la grande fresque du Dôme du Rocher, érigé à Jérusalem à l’emplacement de l’ancien Temple de Salomon.Pourtant, dans le Coran, Jésus est celui qui intervient à la Fin des Temps pour terrasser l’Antéchrist, le Dajjâl, alors que Mahomet ne joue là quasiment aucun rôle. On se demande pourquoi l’omniprésence de Jésus dans le Coran n’est pas mieux connue des chrétiens. On retiendra dans le remarquable travail des deux auteurs, la recherche de la vérité historique qui, bien souvent, se heurte aux résistances religieuses. Ici, la…
«Un son qui sort de la bouche est un peu comme un gâteau qui sort du four: la qualité du gâteau dépend de ce qu’on a mis dedans.» Le problème étant, justement, de savoir ce qu’il faut mettre dedans. Michel Hart, auteur, chanteur, professeur de chant, et Sylvie Heyvaerts, danseuse, professeur de qi gong, nous fournissent les ingrédients. Ils nous font d’abord comprendre que la voix, qu’elle soit parlée ou chantée, est un geste du corps. Les auteurs s’adressent donc à notre «corps instrumental» en nous expliquant dans le détail comment fonctionne notre voix. Ceci afin de nous permettre de modifier notre rapport à ce corps instrument. A la fois essai sur l’histoire de la pédagogie et des techniques de chant, ouvrage pratique pour chanteurs et orateurs, Découvrir sa voix nous apprend tout ce qu’il y a à savoir sur les cordes vocales. A ce titre, la lecture de la première des trois parties, très technique, est indispensable à la compréhension de ce qu’est le corps vocal. La deuxième partie est consacré à la voix parlée et s’accompagne de judicieux conseils en matière de prise de parole. Les pages consacrées aux prouesses vocales des enseignants (que ce soit en maternelle,…
Les femmes de ce début de 21è siècle vivent une première historique. Elles sont, en moyenne, fertiles, dès 12,6 ans et jusqu’à leurs 51 printemps. Une durée exceptionnelle de le vie fertile, une vie rythmée par l’apparition régulière des règles. Même si l’on ne sait toujours pas exactement pourquoi les femmes ont leurs règles, la somme de connaissances rassemblées sur les menstrues par Elise Thiébaut est impressionnante. Des rites liés aux ménarches (les premières règles) aux pouvoirs maléfiques ou bénéfiques prêtés au sang menstruel, l’ouvrage éclaire avec humour mais sérieusement le monde des ours, des coquelicots et autres ragnagnas. Le lecteur découvre à quel point les règles sont intimement liées à la marche du monde, de Pline l’Ancien aux Pussy Riot, l’auteur n’oublie rien ni personne. Qui dit règles dit protections périodiques (terme qu’on préférera à «serviettes hygiéniques» qui laisse entendre que les règles elles, ne le sont pas, hygiéniques), et là, surprise : il est quasi impossible de connaître la composition exacte de ces protections qui restent pourtant en contact avec les muqueuses vaginales durant plusieurs heures. Et on trouve, entre autres, de la dioxine dans la fabrication de certaines marques de tampons, hallucinant. Lorsqu’on parle de menstrues, difficile de…
«Je suis, depuis des mois, travaillé par une question lancinante, qui revient cogner en moi comme une migraine, récurrente, familière. Pourquoi de jeunes hommes et jeunes femmes, nés dans mon pays, issus de ma culture, dont les appartenances semblent recouvrir les miennes, décident-ils de partir dans un pays en guerre et de tuer au non d’un Dieu qui est aussi le mien ?» Cette question, Rachid Benzine, enseignant, islamologue et chercheur franco-marocain, a choisi de la traiter à travers une fiction. Mais son roman épistolaire a valeur d’essai tant il aborde intelligemment une question qui, pour beaucoup, reste sans réponse. Nour (qui signifie lumière en arabe) écrit à son père pour lui annoncer qu’elle est à Falloujah, où elle vient d’épouser le chef de la police locale. Son père, enseignant et philosophe, chercheur comme Rachid Benzine, est tout d’abord rassuré de recevoir des nouvelles de sa fille de vingt ans. Mais il est abasourdi par ce qu’il découvre. Nour, à qui il a inculqué le sens critique, les principes de l’analyse et de l’étude (elle poursuivait de brillantes études en philosophie et en science religieuse) a choisi de rejoindre l’Etat islamique. Père et fille vont dès lors correspondre, jusqu’au drame final….
Heureux hasard, cette lecture intervient tout de suite après celle de La Cheffe, roman d’une cuisinière, de Marie Ndiaye. La vie aveugle de Loïc Merle, traite en fait du même sujet. Pourquoi les artistes créent-ils? Pour qui? Qu’en est-il des honneurs et de la reconnaissance? La vie aveugle est à la croisée du roman et de l’essai. Divisé en deux parties, ce livre tient de la sainte colère, de l’appel au secours. La première partie se penche sur l’autoportrait en véronèse de Van Gogh. Le narrateur entend littéralement la voix du peintre et l’auteur nous raconte le parcours de cette toile d’abord offerte à Gauguin puis notamment montrée lors de l’exposition itinérante organisée par les nazis et consacrée à l’art dégénéré. Loïc Merle va même jusqu’à imaginer Samuel Beckett en visiteur de cette exposition. La deuxième partie, beaucoup plus romanesque, est écrite d’un seul trait de plume sur près de 140 pages, sans paragraphes, comme si l’intégralité de l’écriture, et donc de la lecture, ne souffrait aucun répit. Le narrateur y rencontre Auguste Strahl, le plus grand peintre de ce début de siècle, peintre visiblement né de l’imagination de Loïc Merle. Strahl reçoit le narrateur dans sa ville d’adoption, le…
Etonnant ouvrage que celui de Douglas Kennedy, entre confession intime, essai philosophique et autobiographie. On découvre de larges pans de la vie personnelle de l’auteur et, notamment, l’existence de Max, son fils autiste. La lecture de ces pages éclaire aussi d’une lumière nouvelle l’œuvre romanesque de Douglas Kennedy qui n’hésite pas à faire part de ses doutes (jusqu’à la tentation de la mort), de son rapport aux femmes ou à l’argent. Ce qui frappe le plus, ce sont les relations exécrables et d’une violence inouïe avec ses parents qui ne lui auront rien épargné. Les admirateurs du romancier aimeront ce livre qui suit le grand principe de la philosophie, à savoir poser les questions plutôt que d’y répondre. L’écrivain nous démontre pourtant que nous sommes, dans la plupart des cas, les artisans de nos propres malheurs. Les lecteurs les plus téméraires tenteront peut-être l’apprentissage du patin à glace, un apprentissage qui est pour Douglas Kennedy l’«hasardeuse poursuite d’un équilibre». On découvre enfin un Douglas Kennedy fin connaisseur de musique classique. Toutes ces grandes questions sans réponse, par Douglas Kennedy, Editions Belfond, 362 pages