[RENTRÉE AUTOMNE 2018] C’est Lise qui a insisté pour qu’avec Franck, ils louent cette maison perdue au milieu de nulle part, sans téléphone et sans connexion à des kilomètres à la ronde.Elle a été actrice, il est producteur de cinéma. Elle ne tourne plus, elle préfère peindre, ou méditer. Il produit à l’ancienne des films qui ne marchent plus. Dès le premier soir dans la maison, un chien, un grand chien, un très grand chien, sans collier, s’impose à Franck, cherche à établir le contact avec lui. La maison n’a probablement jamais été louée auparavant. Dans une narration magistralement orchestrée, Serge Joncour nous dévoile parcimonieusement ce qui s’y est passé un siècle plus tôt exactement, en pleine Première Guerre mondiale. C’est alors un dompteur allemand, ironie du sort, qui s’installe sur les hauteurs avec ses huit fauves, tigres et lions. Wolfgang vit seul et nourrit ses bêtes, maégré les pénuries, grâce à un ingénieux dispositif caché dans la forêt. C’est en découvrant ce dispositif, un siècle plus tard, que l’instinct de survie de Franck se réveille, aiguillé par sa proximité avec le grand chien. Non, Franck ne laissera pas sa société de production être dépecée par ses deux jeunes et…
[RENTREE AUTOMNE 2017] Avec Ce que la vie m’a appris, Perla Servan-Schreiber nous offre un petit livre de sagesse. Non pas un énième ouvrage de développement personnel, mais un témoignage. Celui d’une femme de 73 ans, sans enfant, entourée de petits-enfants et heureuse dans son couple. Son mot préféré, il revient régulièrement au fil des pages et elle lui consacre une chapitre, la joie! La joie ne s’apprend pas, nous dit l’auteure, mais elle est contagieuse. Le lecteur de cet opuscule sera gagné par la contagion. Parce que Perla Servan-Schreiber est partageuse. Partageuse de ses expériences de vie, mariée pour la première fois à 42 ans et vivant depuis lors un amour qui la comble. Partageuse de l’amour des chats et des chansons (elle en évoque de nombreuses au fil des pages). Perla Servan-Schreiber partage, propose, mais n’impose rien. Riche de sa double culture (elle est née et a grandi au Maroc), elle jette sur la vie un regard plein de bon sens. La marche, la méditation et la cuisine sont pour elle sources d’équilibre. En parcourant ces pages, le lecteur parcourt aussi la vie de celle qui a travaillé pour Elle et Marie-Claire, fondé et développé avec son mari,…
Je vais finir par être incollable sur la question… Après l’excellent Ceci est mon sang d’Elise Thiébaut, je viens de terminer Le grand mystère des règles, de Jack Parker, déjà auteure du blog Passion Menstrues. Si les deux livrent abordent le même sujet, ils ne s’adressent pas au même public. Jack Parker s’adresse essentiellement à la jeune génération, celle qui fréquente assidument les réseaux sociaux, dont elle maîtrise parfaitement le vocabulaire et les codes. S’il est oins «scientifique» que celui d’Elise Thiébaut, le livre de Jack Parker ne manque cependant pas d’atouts. A commencer par le discours récurent de l’auteure: sentez-vous libre, cherchez ce qui vous convient, n’ayez pas honte, écoutez et apprenez à connaître votre corps. Liberté et respect sont ici les maîtres-mots. Pour gagner le jeune public à sa cause, Jack Parker à la très bonne idée de nous parler de la place des règles dans l’art. Elle est bien faible cette place au cinéma mais, comme souvent, l’art contemporain ouvre des voies et fait office de précurseur. Dans ce dernier domaine, l’auteure dresse même une liste d’artistes dont les œuvres peuvent éveiller la sensibilité et développer l’intérêt pour les menstrues. Davantage que militant, Jack Parker signe un…
A force de croiser ses chansons dans de nombreux romans (à commencer par En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut), j’ai voulu en savoir davantage sur Nina Simone. Ce d’autant plus que je savais qu’elle avait vécu à Genève, au Lignon semble-t-il, dans le dénuement, et que je l’avais croisée dans le hall d’un hôtel montreusien, visiblement déboussolée, en marge du Montreux Jazz festival. Je me suis donc plongé dans l’excellente biographie publiée par mon confrère David Brun-Lambert chez Flammarion en 2005, biographie qui fait encore référence, quatorze ans après la disparition de la diva. L’ouvrage de David Brun-Lambert permet de comprendre toutes les dimensions de Nina Simone, née Eunyce Waymon à Tryon, petite ville de Caroline du Nord. Très vite initiée au piano, Eunyce bénéficie du soutien de sa professeure qui détecte rapidement un talent majuscule. Afin d’aider la fillette à progresser, un fonds de soutien est créé, chose rare dans cette Amérique ségrégationniste, fonds qui doit permettre à la jeune artiste de réaliser le rêve de sa mère et de sa professeure de piano: devenir la première concertiste classique noire au monde. Eunyce, pour qui Bach et Mozart n’ont plus de secrets, passe le concours d’admission du Curtis Institut, mais…
«L’écrivain national». La formule revient à répétition dans la bouche du maire de Donzière où Serge, auteur, arrive pour une résidence d’écriture. A dix kilomètres seulement de cette petite ville qui ressemble plutôt à un gros village, un fait divers occupe les journaux locaux et nationaux. Aurelik et Dora, deux marginaux qui vivent à L’Epeau, sont soupçonnés d’avoir fait disparaître Commodore, dont ils sont les locataires. En voyant la photo de Dora dans le journal, l’écrivain est subjugué, irrésistiblement attiré. Aimanté par les lieux du drame, Serge s’embarque dans une quête un peu folle et qui lui vaudra bien des problèmes avec les libraires qui l’ont gentiment invité, avec le maire qui fonde tous ses espoirs sur une nouvelle usine, avec les acolytes d’Aurelik, et même avec la patronne de l’hôtel dans lequel il loge, la pourtant prévenante Madame Meunier. Les pages consacrées aux rencontres littéraires de l’auteur sont hilarantes. Serge Joncour lève le voile sur la face cachée et souvent sombre du métier d’écrivain et des vicissitudes de la promotion. Construit comme un polar, ce roman est celui de la passion et du désir. Serge Joncour excelle à décrire le mécanisme implacable du désir masculin dont la source n’est…
Aurore est l’archétype de la femme qui a réussi. Un mari américain, business angel en pleine ascension, deux enfants (jumeaux fille et garçon) et un talent de styliste reconnu. Elle fonctionne dans une sorte de routine et ne plus faire l’amour avec Richard depuis trois ans ne semble pas être un problème. Les problèmes se situent plutôt du côté de sa marque (son propre nom) et de Fabien, son perfide associé. Ludovic, le voisin d’Aurore est veuf. Mathilde est morte d’un cancer, trois ans auparavant. Du coup, il a quitté la ferme familiale pour laisser la place à sa sœur et à son beau-frère et s’est reconverti dans le recouvrement de dettes. Dans la cour de l’immeuble, une paire de corbeaux effraie terriblement Aurore. Ludovic va lui permettre de retrouver sa sérénité. Entre eux naît une passion d’abord physique, tactile, qui se transformera en amour. Ce sont deux solitudes qui se rencontrent. Aurore ne se confie à personne, pas même à Richard. Elle assume tout, toute seule. Ludovic non plus ne se confie à personne. Sa vie est entre parenthèses, même s’il la passe à rendre service à tout le monde. C’est donc tout naturellement qu’il va rendre service à…
Foutez-vous la paix! et commencez à vivre a pour ambition de nous libérer de nos carcans. Et ils sont nombreux. Dans un monde qui confond formation et formatage, il devient urgent de se foutre la paix. Ce qui ne veut pas dire faire n’importe quoi, bien au contraire. «C’est l’aveuglement à suivre certaines règles qui nous fait faire n’importe quoi.» Et Fabrice Midal d’empoigner le problème à pleines mains. A commencer par le domaine de sa propre pratique, la méditation. A la pleine conscience, l’auteur préfère la pleine présence. Pas de dogme, ni de recette dans son enseignement de la méditation. Il s’agit surtout d’être présent. «La méditation n’est pas toujours confortable, elle est toujours libération.» Et c’est en étant présent plutôt que conscient que nous parviendrons à la bienveillance aimante, c’est-à-dire à l’estime de soi. L’ouvrage de Fabrice Midal aidera le lecteur à retrouver sa singularité, une singularité mouvante au fil des expériences, des lectures, des rencontres. Etre soi. Telle est la recherche que permet d’effectuer cet ouvrage libérateur. Sans qu’être soi devienne une affirmation égocentrique de notre individualisme. A mettre entre toutes les mains.
La RTS a dévoilé hier les six ouvrages de la sélection finale du Prix du public 2017. Après lecture d’une soixantaine d’ouvrages, le jury dirigé par Patrick Ferla a donc désigné L’Ajar, pour Vivre près des tilleuls (Flammarion), Silvia Härri pour Je suis mort un soir d’été (Bernard Campiche), Jean-François Haas pour L’homme qui voulut acheter une ville (Seuil), Ralph Lutli pour Le dernier voyage de Soutine (Le bruit du temps), Pascale Kramer pour Autopsie d’un père (Flammarion) et Elisa Shua Dussapin pour Hiver à Sokcho (Zoé)