Les yeux fardés, par Lluis Llach, Editions Actes Sud
CRITIQUE , ROMAN / 21 octobre 2016

Les yeux fardés est un roman d’amour. Un amour comme il y en a peu. Cet amour, c’est celui qui unit Germinal et David, deux garçons nés en 1920 dans le quartier populaire de Barcelone qu’est la Barceloneta. Il y a deux filles aussi, nées la même année: Mireia, que son père, contrebandier, emmènera dans son exil à Buenos Aires, et Joanna, qui ne survivra pas au bombardement de Barcelone par l’aviation italienne. Roman d’amour sur fond d’histoire, amour entre deux garçons à une époque où les sentiments pour un être de même sexe étaient intolérables et intolérés. Si le roman commence lentement, il se termine sur un rythme élevé. Le procédé narratif y est pour quelque chose: Germinal, 87 ans, raconte à Lluis, réalisateur en mal de sujet, les années qui ont changé sa vie à tout jamais.  L’espérance, avec la proclamation de la République, les désillusions avec la guerre civile et le fascisme qui s’installe, l’errance, vingt ans durant pour fuir le souvenir de «l’Ami aimé». On trouve au fil des pages quelques uns des sujets qui ont nourri les chansons de Lluis Llach qui, à l’approche de la septantaine, fait une entrée plus que remarquée en littérature….

Toutes ces grandes questions sans réponse, par Douglas Kennedy, Editions Belfond
AUTOBIOGRAPHIE , CRITIQUE , ESSAI / 15 octobre 2016

Etonnant ouvrage que celui de Douglas Kennedy, entre confession intime, essai philosophique et autobiographie. On découvre de larges pans de la vie personnelle de l’auteur et, notamment, l’existence de Max, son fils autiste. La lecture de ces pages éclaire aussi d’une lumière nouvelle l’œuvre romanesque de Douglas Kennedy qui n’hésite pas à faire part de ses doutes (jusqu’à la tentation de la mort), de son rapport aux femmes ou à l’argent. Ce qui frappe le plus, ce sont les relations exécrables et d’une violence inouïe avec ses parents qui ne lui auront rien épargné. Les admirateurs du romancier aimeront ce livre qui suit le grand principe de la philosophie, à savoir poser les questions plutôt que d’y répondre. L’écrivain nous démontre pourtant que nous sommes, dans la plupart des cas, les artisans de nos propres malheurs. Les lecteurs les plus téméraires tenteront peut-être l’apprentissage du patin à glace, un apprentissage qui est pour Douglas Kennedy l’«hasardeuse poursuite d’un équilibre». On découvre enfin un Douglas Kennedy fin connaisseur de musique classique.   Toutes ces grandes questions sans réponse, par Douglas Kennedy, Editions Belfond, 362 pages