Top 5 des coups de cœur 2017
ACTUALITE / 16 janvier 2018

Au cours de l’année 2017, j’ai lu 80 romans, 21 essais, 12 recueils de poèmes, 4 recueils de chroniques, 4 biographies, 4 recueils de nouvelles, 4 récits, 2 albums jeunesse, 2 pièces de théâtre, 1 livre d’entretiens, 1 bande dessinée et un livre de photos, soit 136 ouvrages pour un total de 27’709 pages. Tous ne sont pas chroniqués sur ce blog. Mais j’ai eu envie de me livrer au difficile et subjectif exercice des coups de cœur de l’année écoulée. Il a donc fallu choisir, donc renoncer et par conséquent souffrir. Mais à l’arrivée, voici le classement de mes cinq coups de cœur de 2017. Le livre qui m’a le plus secoué en 2017 est celui de Gaëlle Nohant avec sa biographie romancée de Robert Desnos. Il y a les livres qui vous plaisent, ceux après la lecture desquels vous n’êtes plus tout à fait pareil et ceux qui vous ébranlent, profondément, durablement. Légende d’un dormeur éveillé est de ceux-là! Quel torrent d’amour pour Robert Desnos a-t-il fallu à Gaëlle Nohant pour tisser ce subtil roman biographique, le surpiquer de citations qui font toujours sens et éclairent le récit? Desnos n’a jamais adhéré à aucune chapelle, ni celle du…

Cœurs silencieux, par Anne Brécart, éditions Zoé
CRITIQUE , ROMAN / 28 décembre 2017

Dans ses Mémoires d’outre-tombe, Chateaubriand écrit ceci: «Montaigne dit que les hommes  vont béant aux choses futures: j’ai la manie de béer aux choses passées. Tout est plaisir, surtout lorsque l’on tourne les yeux sur les premières années de ceux que l’on chérit; on allonge une vie aimée; on étend l’affection que l’on ressent sur des jours que l’on a ignorés et que l’on ressuscite; on embellit ce qui fut de ce qui est; on recompose de la jeunesse.» Avec Cœurs silencieux, Anne Brécart recompose indiscutablement de la jeunesse. Est-il possible de remonter aux sources de l’amour et du désir? Arrivée au milieu de la cinquantaine, Hannah quitte celui qui a partagé vingt-cinq années de sa vie. D’abord réfugiée chez une amie du même âge et de même situation, elle saisit le prétexte du règlement de la succession de sa mère pour retourner à Chandossel, son village d’enfance. Dans la maison familiale, Hannah est rattrapée par le passé, par les odeurs, par les ciels et par la nature. Rien n’a changé ou presque dans le village fribourgeois. Au premier réveil dans cette demeure du souvenir, il est là, devant la porte, pour l’aider à porter les bûches qui alimenteront le…

Une toile large comme le monde, par Aude Seigne, éditions Zoé
CRITIQUE , ROMAN / 25 décembre 2017

Ils sont rares les romans qui se penchent sur Internet. Plus rares encore ceux qui imaginent sa disparition. Et lorsque c’est le cas, dans le Où la lumière s’effondre, de Guillaume Sire par exemple, il s’agit de constituer une armée de hackers pour parvenir à ses fins. Rien de tel chez Aude Seigne. Les hackers, en l’occurrence une hackeuse, ne sont que l’un des éléments du plan de la panne. Huit. Ils sont huit à vouloir débrancher Internet, au sens propre. Car si le réseau des réseaux est le royaume du virtuel, il a besoin pour fonctionner d’infrastructures bien réelles : data centers, matières premières, câbles. Le roman s’ouvre d’ailleurs avec l’un des personnages principaux de cette histoire, un câble transocéanique qui porte le joli nom de FLIN. Véritable gourmandise pour les requins, autres personnages récurrents du roman d’Aude Seigne, FLIN représente symboliquement les milliers de câbles qui passent sous nos pieds et qui transportent des millions de mails à travers le monde en un cinquième de seconde. Il y a donc Olivier, libraire qui voit sa clientèle diminuer, June, créatrice de produits cosmétiques et Evan community manager. Ces trois-là vivent en trouple. Pendant à ce trio, il y a la…

Louis Soutter, probablement, par Michel Layaz, Editions Zoé
BIOGRAPHIE , CRITIQUE , ROMAN / 14 février 2017

Il faut une sensibilité hors du commun pour réussir ce que Michel Layaz atteint à la perfection avec Louis Soutter, probablement. Et toute la finesse de l’exercice réside dans ce «probablement». Biographie romancée du peintre et violoniste suisse, l’ouvrage respecte scrupuleusement le parcours de vie de Louis Soutter. Violoniste de talent, marié à Madge, et vivant à Colorado Springs, Soutter est victime de troubles qui pourraient s’apparenter au syndrome de Stendhal lorsque son jeu de violon atteint un seuil d’émotion insupportable. «Les êtres singuliers et leurs actes asociaux sont le charme d’un monde pluriel qui les expulse». Ainsi Jean Cocteau définit-il ses Enfants terribles. La phrase sied à Louis Soutter aussi bien qu’un de ces costumes à la coupe impeccable qu’il affectionnait tant. Tellement expulsé Louis Soutter qu’il se retrouve à l’asile. Pas chez les aliénés, non, mais parmi ceux qui ne parviennent pas à subvenir à leur besoins, à survivre seuls dans la vie que l’on qualifie, souvent à tort, de normale. A l’asile de Ballaigues, Soutter renoue avec le dessin qu’il avait pratiqué et enseigné aux Etats-Unis. Mais son art prend une toute autre dimension dans la chambre de l’asile. Le lecteur suit Louis, vit avec Louis, marche…

Les six finalistes du Prix du Public de la RTS
ACTUALITE , PRIX LITTERAIRES , ROMAN / 22 janvier 2017

La RTS a dévoilé hier les six ouvrages de la sélection finale du Prix du public 2017. Après lecture d’une soixantaine d’ouvrages, le jury dirigé par Patrick Ferla a donc désigné L’Ajar, pour Vivre près des tilleuls (Flammarion), Silvia Härri pour Je suis mort un soir d’été (Bernard Campiche), Jean-François Haas pour L’homme qui voulut acheter une ville (Seuil), Ralph Lutli pour Le dernier voyage de Soutine (Le bruit du temps), Pascale Kramer pour Autopsie d’un père (Flammarion) et Elisa Shua Dussapin pour Hiver à Sokcho (Zoé)