Au début du roman (dont vous pouvez lire la critique ici), Markus se retrouve dans un taxi avec son capitaine et Maronsol, dont il dresse le portrait suivant, page 20: «Chanteur préfér: Johnny Hallyday. Inconditionnel. Il n’y avait qu’au karaoké qu’il s’épanouissait tout entier, déchaîné, hors de lui. Tout le répertoire y passait. Parfois, pendant les manœuvres, on le voyait sortir d’un trou de bombe, les poignets collés au dessus de la tête en gueulant de toutes ses forces : Dix ans/ de chaînes/ sans voir/ le jour C’était/ ma peine/ forçat de l’aaamour J’ai refusé/ MOURIR D’AMOUR ENCHAÎNEEEEEE. C’était aussi un bon imitateur de Bourvil. C’est mon véo, c’est mon vélo, à deux cents mètres à la ronde pendant les marches de nuit.» Quelques pages plus loin, page 36, c’est une chanson de militaires créée dans les années 30 que chantent les militaires de Djibouti dans un bistrot: «Un chant monta lentement puis de plus en plus fort et il n’y eut pas un homme dans la salle qui n’entonnât le refrain. Opium! Poison de rêve Fumée qui monte au ciel C’est toi qui nous élèves Au paradis artificiel»
On parle souvent et à juste titre de la bande originale des films. On ne parle que très rarement des bandes originales des livres. Pourtant, la musique est omniprésente dans les pages de nombreux romans. Voix de Plumes va donc régulièrement vous proposer de découvrir la bande originale des livres chroniqués sur le site. On commence avec le premier roman de Marc Trévidic dont vous pouvez également lire la critique La première apparition musicale intervient page 22. Nous avons alors fait connaissance avec Farhat, le père d’Ahlam et d’Issam. La mère de Farhat le ramène à un souvenir d’enfance pour lui faire comprendre l’importance de l’éducation, de l’école, de l’écriture. Elle lui parle alors d’une chanson d’enfance: – Mon ballon est tellement grand, Il vole comme un oiseau. Voici la version arabe de cette chanson: Un peu plus loin, page 35, Paul Arezzo, peintre jeune, célèbre et riche, est arrivé aux Kerkennah, en Tunisie. Il loue les services de Fahrat le pêcheur pour faire le tour de l’île en felouque afin de capter les paysages. «Pendant que Farhat virait et revirait de bord, Paul croquait et crayonnait en chantonnant. – I can’t get no satisfaction, Farhat. Essaie encore… Tr… tr……
Juge d’instruction au tribunal de grande instance de Paris au pôle antiterrorisme de 2006 à 2015, Marc Trévidic est, depuis 2015, premier vice-président au tribunal de grande instance de Lille. Depuis les attentats de Paris, on le voit sur tous les plateaux de télévision. Auteur de trois essais, Au cœur de l’antiterrorisme (2011), Terroristes : les 7 piliers de la déraison (2013) et Qui a peur du petit méchant juge? (2014), tous publiés chez JC Lattès, il publie aujourd’hui, chez le même éditeur, Ahlam, son premier roman. Paul Arezzo, jeune peintre français, célèbre et riche, débarque aux Kerkennah, en Tunisie. L’inspiration l’a quitté, l’envie de peindre aussi. La faute à un chagrin d’amour dont il ne se remet pas. Nous sommes en 2000. La Tunisie est sous l’emprise du clan Ben Ali. Paul va nouer une vraie amitié avec Fahrat, un pêcheur, et avec sa famille. Nora, l’épouse de Fahrat, dont les charmes ne laissent pas Paul indifférent, tombe malade, une leucémie fulgurante que les hôpitaux tunisiens tarderont à prendre au sérieux. Paul fait transporter la jeune femme à Paris, mais il est trop tard. Elle meurt, loin des siens pour lesquels Paul n’est pas parvenu à obtenir un visa…
Djibouti nous raconte la dernière nuit du lieutenant Markus, affecté à Djibouti depuis six mois. Ces dernières heures sont l’occasion pour le militaire de se remémorer les principaux épisodes de son séjour, mais aussi de vivre ses dernières heures dans cette ville de tous les extrêmes. Six courts chapitres qui permettent d’explorer les dérives de l’âme humaine, les faiblesses des solitaires et des amoureux, la singularité de l’amour. Mais le personnage principal de ce beau livre est sans aucun doute la ville de Djibouti. Chaleur, sécheresse, obscurité sont les ingrédients du climat qu’installe l’auteur. L’obscurité surtout. Il fait sombre, il fait noir, et lorsque la lumière des enseignes des bars brillent trop fort, les soldats jouent « Le jeu », celui ou l’on se bat les yeux bandés, sans savoir ou est l’adversaire ni d’où vont venir les coups, la vie en quelque sorte. Pierre Deram touche avec une justesse cruelle à nos écorchures, nos failles, nos faiblesses. Mais il montre aussi ce qui fait la beauté insoutenable du désespoir, ce qui raccroche, in extremis, à la vie, ou à ce qui y ressemble. Thérèse, femme de colonel, pleure seule dans un bar. Elle pleure Snoopy, son chien, tué par un serpent….
Nous sommes à la fin de l’année 1808. Gwen Gordon embarque à bord de l’Antares, heureux de pouvoir reprendre la mer et d’échapper ainsi à ceux qui ont déjà pendu son ancien patron. Le capitaine Porteiro l’engage pour sa connaissance des langues et sa pratique de la mer. Direction Whidah où l’Antares doit charger une cargaison d’esclaves. En 1808, les idées de la Révolution française se sont répandues et Gordon se sent «véritablement dans la peau d’un homme ayant le devoir, comme le désir, de lutter contre l’oppression, sous quelque nom qu’on l’exerce». Ce devoir et ce désir vont se manifester alors que Gordon, le capitaine Porteiro et le docteur Caldeira se trouvent chez le «chefe» Da Costa et sa charmante compagne Paula. Séduit par Paula, mais ulcéré par les propos des trois hommes, Gordon quitte la demeure de son hôte et marche dans la forêt, s’approchant ainsi de la zone où on lui a fait jurer de ne pas se rendre. Rejoint par Paula, qui lui demande de l’emmener loin de l’horrible Da Costa, Gordon continue à s’enfoncer dans la végétation, guidé par les plaintes d’un enfant qu’il veut à tout prix sauver. Découvrant l’enfant, il est soudain confronté…