Belle plongée dans une enfance rurale et proche de la nature. Dans une langue magnifique, Pierre Voélin livre un portrait impressionniste et saisissant. Le lecteur s’imprègne de senteurs, de couleurs, d’humidité et de vent. A la limite entre enfance éperdue et enfance perdue – la vie à la campagne exige de grandir vite – ce beau livre flirte avec les époques. Est-il d’aujourd’hui, d’hier ou d’avant-hier? Peu importe, tout prend ici une dimension universelle et s’adresse à la part d’enfance qui subsiste en chacun de nous. De l’enfance éperdue, par Pierre Voélin, éditions Fata Morgana, 2017, 88 pages
Le festival Le livre sur les quais se réjouit de vous accueillir à Morges du 1er au 3 septembre 2017. 280 auteurs sont attendus sur les quais, dont l’écrivain Marc Levy qui présidera cette huitième édition. Plus de 120 invités ont déjà confirmé leur présence ! Des auteurs suisses et français mais aussi des écrivains anglophones, notamment irlandais, américains et anglais, viennent rencontrer leur public et partager leur passion de l’écriture. Vous aurez la possibilité de rencontrer pendant la manifestation : Martin Suter, Alex Capus, Marc Voltenauer, Patrick Deville, Eric-Emmanuel Schmitt, Akira Mizubayashi, Véronique Olmi, Frédéric Lenoir, Jean-Louis Servan-Schreiber, Anne Nivat, Valérie Trierweiler, Bernard Minier, Bernard Werber, François Kersaudy, Douglas Kennedy, Denise Mina, Hisham Matar et le cinéaste Patrice Leconte. Retrouvez la liste des auteurs présents mise à jour régulièrement sur le site internet du livre sur les Quais.
Lorsqu’on préside le CNL (Centre National du Livre), on aime lire, forcément. Et on a envie de faire lire! Vincent Monadé, inspiré par Olivier Poivre d’Arvor, livre un opuscule jubilatoire au titre évocateur: Comment faire lire les hommes de votre vie, aux éditions Payot. «Il n’y a rien de plus sexy qu’un homme qui lit» écrivait Marie Darrieussecq dans Il faut beaucoup aimer les hommes. Or, des hommes qui lisent, il n’y en a pas beaucoup, pas assez. Ou plutôt, il n’y en a pas beaucoup qui lisent de la littérature. Et Vincent Monadé d’empoigner le problème franchement et de saisir sa plume affûtée de pèlerin pour convertir les foules. Il s’adresse à vous, Mesdames, afin que vous convertissiez les hommes de votre vie à ce plaisir, pas toujours solitaire, qu’est la lecture. Tous les moyens sont bons et il ne faut pas hésiter à commencer, même modestement. Si Chéri lit L’Equipe, c’est déjà bon signe. Il a choisi le plus littéraire des quotidiens, celui où la fine plume de Vincent Duluc a succédé à celle d’Antoine Blondin à qui il arrivait de… boire son encrier! Le grand mérite du livre de Vincent Monadé est d’avoir été écrit avec le…
«L’écrivain national». La formule revient à répétition dans la bouche du maire de Donzière où Serge, auteur, arrive pour une résidence d’écriture. A dix kilomètres seulement de cette petite ville qui ressemble plutôt à un gros village, un fait divers occupe les journaux locaux et nationaux. Aurelik et Dora, deux marginaux qui vivent à L’Epeau, sont soupçonnés d’avoir fait disparaître Commodore, dont ils sont les locataires. En voyant la photo de Dora dans le journal, l’écrivain est subjugué, irrésistiblement attiré. Aimanté par les lieux du drame, Serge s’embarque dans une quête un peu folle et qui lui vaudra bien des problèmes avec les libraires qui l’ont gentiment invité, avec le maire qui fonde tous ses espoirs sur une nouvelle usine, avec les acolytes d’Aurelik, et même avec la patronne de l’hôtel dans lequel il loge, la pourtant prévenante Madame Meunier. Les pages consacrées aux rencontres littéraires de l’auteur sont hilarantes. Serge Joncour lève le voile sur la face cachée et souvent sombre du métier d’écrivain et des vicissitudes de la promotion. Construit comme un polar, ce roman est celui de la passion et du désir. Serge Joncour excelle à décrire le mécanisme implacable du désir masculin dont la source n’est…
Aurore est l’archétype de la femme qui a réussi. Un mari américain, business angel en pleine ascension, deux enfants (jumeaux fille et garçon) et un talent de styliste reconnu. Elle fonctionne dans une sorte de routine et ne plus faire l’amour avec Richard depuis trois ans ne semble pas être un problème. Les problèmes se situent plutôt du côté de sa marque (son propre nom) et de Fabien, son perfide associé. Ludovic, le voisin d’Aurore est veuf. Mathilde est morte d’un cancer, trois ans auparavant. Du coup, il a quitté la ferme familiale pour laisser la place à sa sœur et à son beau-frère et s’est reconverti dans le recouvrement de dettes. Dans la cour de l’immeuble, une paire de corbeaux effraie terriblement Aurore. Ludovic va lui permettre de retrouver sa sérénité. Entre eux naît une passion d’abord physique, tactile, qui se transformera en amour. Ce sont deux solitudes qui se rencontrent. Aurore ne se confie à personne, pas même à Richard. Elle assume tout, toute seule. Ludovic non plus ne se confie à personne. Sa vie est entre parenthèses, même s’il la passe à rendre service à tout le monde. C’est donc tout naturellement qu’il va rendre service à…
A l’occasion de la sortie du beau roman de Luis Llach en poche, je republie la brève critique rédigée lors de la sortie du roman chez Actes Sud.. Les yeux fardés est un roman d’amour. Un amour comme il y en a peu. Cet amour, c’est celui qui unit Germinal et David, deux garçons nés en 1920 dans le quartier populaire de Barcelone qu’est la Barceloneta. Il y a deux filles aussi, nées la même année: Mireia, que son père, contrebandier, emmènera dans son exil à Buenos Aires, et Joanna, qui ne survivra pas au bombardement de Barcelone par l’aviation italienne. Roman d’amour sur fond d’histoire, amour entre deux garçons à une époque où les sentiments pour un être de même sexe étaient intolérables et intolérés. Si le roman commence lentement, il se termine sur un rythme élevé. Le procédé narratif y est pour quelque chose: Germinal, 87 ans, raconte à Lluis, réalisateur en mal de sujet, les années qui ont changé sa vie à tout jamais. L’espérance, avec la proclamation de la République, les désillusions avec la guerre civile et le fascisme qui s’installe, l’errance, vingt ans durant pour fuir le souvenir de «l’Ami aimé». On trouve au fil…
Dans ce beau roman de Jean-Michel Guenassia, c’est Marguerite Gachet, la fille du fameux Docteur Gachet, qui nous parle. Promise au fils du pharmacien depuis l’enfance, elle déroule sa vie de jeune fille de dix-neuf ans entre l’absence d’une mère décédée trot tôt et un père indifférent. La force de l’habitude règne en maîtresse absolue. Jusqu’à ce que débarque, d’abord dans la vie du Docteur, puis, très vite, dans celle de la jeune femme, un certain Vincent, peintre fauché de son état. Ce que nous lisons, ce sont les carnets de Marguerite, rédigés, semble-t-il, des années plus tard. Elle y raconte son histoire d’amour avec Van Gogh. Mais la jeune femme a une rivale imbattable, la peinture. Au travers de cette histoire d’amour, Jean-Michel Guenassia nous promène subtilement dans cette fin de 19è siècle. Le talent des Impressionnistes n’est pas encore reconnu et le Docteur Gachet, pas si bon que ça, flaire la bonne affaire. L’auteur nous plonge aussi au cœur de la création de Van Gogh. Enfin, et ce n’est pas la moindre des choses, il donne de la fin du peintre une version bien différente de celle retenue par la culture populaire. Un roman plaisant, à l’écriture ample,…
Il est aujourd’hui possible de manipuler le génome humain en copiant et collant des séquences. Les big data permettent de savoir de nous plus de choses que ce que nous sommes capables de nous souvenir. L’excellent livre de Luc Ferry fait l’état des lieux des connaissances et des recherches actuelles sur le transhumanisme, voire le posthumanisme. Il démontre aussi comment l’uberisation du monde a déjà commencé à bouleverser nos vies. Passionnant, le livre de Luc Ferry ne sombre pas dans le pessimisme ambiant. Il n’en est pas pour autant complètement enthousiaste. Le philosophe pose les bonnes questions et nous livre avantages et inconvénients de ces avancées technologiques que plus rien ne peut arrêter. L’auteur en appelle à la régulation, une régulation pensée et détachée des intérêts particuliers. Autre constat, et non des moindres, la marge de manœuvre quasi nulle des Etats-nations dans ces processus de régulation. Au mieux, écrit Luc Ferry, le problème doit être traité à l’échelle européenne. Toute régulation de moindre échelle serait vouée à l’échec, c’est une évidence. Le plus inquiétant concerne peut-être l’uberisation de la société. De tout temps, la technologie a fait disparaître des emplois, mais en a créé d’autres, dans des proportions à peu…
Foutez-vous la paix! et commencez à vivre a pour ambition de nous libérer de nos carcans. Et ils sont nombreux. Dans un monde qui confond formation et formatage, il devient urgent de se foutre la paix. Ce qui ne veut pas dire faire n’importe quoi, bien au contraire. «C’est l’aveuglement à suivre certaines règles qui nous fait faire n’importe quoi.» Et Fabrice Midal d’empoigner le problème à pleines mains. A commencer par le domaine de sa propre pratique, la méditation. A la pleine conscience, l’auteur préfère la pleine présence. Pas de dogme, ni de recette dans son enseignement de la méditation. Il s’agit surtout d’être présent. «La méditation n’est pas toujours confortable, elle est toujours libération.» Et c’est en étant présent plutôt que conscient que nous parviendrons à la bienveillance aimante, c’est-à-dire à l’estime de soi. L’ouvrage de Fabrice Midal aidera le lecteur à retrouver sa singularité, une singularité mouvante au fil des expériences, des lectures, des rencontres. Etre soi. Telle est la recherche que permet d’effectuer cet ouvrage libérateur. Sans qu’être soi devienne une affirmation égocentrique de notre individualisme. A mettre entre toutes les mains.
Avec ces portraits de femmes remarquables, militantes parce qu’elles ne pouvaient pas faire autrement, Manon Schick, directrice générale d’Amnesty International Suisse, dresse un portrait des Droits de l’homme (et surtout de la femme) à travers le monde. Journaliste, avocate, enseignante, fille soldate, les onze femmes présentées dans cet ouvrage sont des militantes remarquables et pas toujours remarquées. Leila Arikarami par exemple, avocate iranienne qui a longtemps travaillé dans l’ombre de Shirin Ebadi, prix Nobel de la Paix, Ou China Keitetsi, devenue porte-parole des enfants soldats dans le monde entier après être passée par les pires expériences de guerre et de sévices. Violences domestiques, viol utilisé comme arme de guerre, tout démontre que les droits des femmes sont systématiquement bafoués et que les droits acquis ne le sont jamais définitivement. De petites victoires en avancées modestes, ces onze femmes ont un point commun, elle ne baissent jamais les bras. Même après de longs séjours en prison, elles reprennent la lutte, souvent au péril de leur vie, au prix ce l’exil ou de l’éclatement de leur famille. En s’interrogeant sur ce qui motive ces femmes exceptionnelles, Manon Schick nous parle aussi d’elle et de son engagement, des événement qui ont, de son…