«L’écrivain national». La formule revient à répétition dans la bouche du maire de Donzière où Serge, auteur, arrive pour une résidence d’écriture. A dix kilomètres seulement de cette petite ville qui ressemble plutôt à un gros village, un fait divers occupe les journaux locaux et nationaux. Aurelik et Dora, deux marginaux qui vivent à L’Epeau, sont soupçonnés d’avoir fait disparaître Commodore, dont ils sont les locataires. En voyant la photo de Dora dans le journal, l’écrivain est subjugué, irrésistiblement attiré. Aimanté par les lieux du drame, Serge s’embarque dans une quête un peu folle et qui lui vaudra bien des problèmes avec les libraires qui l’ont gentiment invité, avec le maire qui fonde tous ses espoirs sur une nouvelle usine, avec les acolytes d’Aurelik, et même avec la patronne de l’hôtel dans lequel il loge, la pourtant prévenante Madame Meunier.
Les pages consacrées aux rencontres littéraires de l’auteur sont hilarantes. Serge Joncour lève le voile sur la face cachée et souvent sombre du métier d’écrivain et des vicissitudes de la promotion. Construit comme un polar, ce roman est celui de la passion et du désir. Serge Joncour excelle à décrire le mécanisme implacable du désir masculin dont la source n’est pas forcément située là où l’on croit. Quel basculement que ce moment où deux êtres se prennent dans les bras pour la première fois. Avec un recul jubilatoire, Serge Joncour nous fait entrer de plein pied dans un monde qui nous permet de comprendre la modeste condition d’écrivain, et celle, non moins modeste, de mâle.
L’écrivain national, par Serge Joncour, éditions Flammarion, 2014, 390 pages
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