Repose-toi sur moi, par Serge Joncour, Editions Flammarion, Prix Interallié 2016

27 mai 2017

Aurore est l’archétype de la femme qui a réussi. Un mari américain, business angel en pleine ascension, deux enfants (jumeaux fille et garçon) et un talent de styliste reconnu. Elle fonctionne dans une sorte de routine et ne plus faire l’amour avec Richard depuis trois ans ne semble pas être un problème. Les problèmes se situent plutôt du côté de sa marque (son propre nom) et de Fabien, son perfide associé.

Ludovic, le voisin d’Aurore est veuf. Mathilde est morte d’un cancer, trois ans auparavant. Du coup, il a quitté la ferme familiale pour laisser la place à sa sœur et à son beau-frère et s’est reconverti dans le recouvrement de dettes.

Dans la cour de l’immeuble, une paire de corbeaux effraie terriblement Aurore. Ludovic va lui permettre de retrouver sa sérénité. Entre eux naît une passion d’abord physique, tactile, qui se transformera en amour.

Ce sont deux solitudes qui se rencontrent. Aurore ne se confie à personne, pas même à Richard. Elle assume tout, toute seule. Ludovic non plus ne se confie à personne. Sa vie est entre parenthèses, même s’il la passe à rendre service à tout le monde. C’est donc tout naturellement qu’il va rendre service à Aurore en tentant de chasser tous les corbeaux qui obscurcissent sa vie. Mais les choses tournent mal et Ludovic pourrait bien se retrouver seul face aux lourdes responsabilités de toute cette aventure.

Serge Joncour a l’art de se glisser dans les interstices de la pensée et des sentiments. Il jette un regard critique sur la société, ses codes, son économie impitoyable où l’humain ne pèse pas lourd. L’humain, c’est justement ce qui intéresse l’auteur. Pourtant, altruisme et bienveillance sont entravés par les peurs: celle de ne pas réussir ou celle de décevoir. Mais lorsque ces peurs sont dépassées, tout est possible. Du coup, le sauvé n’est pas forcément celui ou celle qu’on croit, le sauveur non plus d’ailleurs.

Repose-toi sur moi, par Serge Joncour, éditions Flammarion 2016, 427 pages

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