Chien, par Samuel Benchetrit, éditions Grasset

28 août 2018

Il s’appelle Jacques Blanchot, est marié et père de Victor. Enfin père, rien n’est moins sûr. Sa femme souffre d’une étrange maladie: sa peau la brûle, elle perd ses cheveux et ses ongles jaunissent. Le docteur Zenger, un spécialiste, est parvenu à déterminer la cause de cette pathologie. Et la cause, c’est Jacques. La maladie s’appelle d’ailleurs la blanchoite aiguë. Jacques doit partir.

Il s’installe à l’hôtel, après avoir acheté un chiot ainsi que tous les accessoires nécessaires au confort de son nouveau compagnon. Nouveau compagnon qui est écrasé par un bus dès la sortie de l’animalerie. A l’hôtel, Jacques se surprend très vite à dormir dans la niche en mousse du chiot trop tôt disparu. L’hôtel coûte cher et Jacques n’a déjà plus les moyens de payer. Il perd le jour-même le modeste emploi qu’il occupait dans un magasin de fournitures pour les beaux-arts. Dès lors, la métamorphose de Jacques s’accélère. Il devient un chien. Un chien moche, mais un chien quand même. Il est recueilli et adopté par le propriétaire de l’animalerie dans laquelle il avait acheté son chiot.

Aux frontières de l’absurde, et avec un cynisme jamais tout à fait noir, Samuel Benchetrit jette sur la société un regard acéré et lucide. La solitude, les rapports humains, qu’ils soient de haine ou d’amour, la relation de l’homme à son chien, de l’animal à son maître, la liberté, autant de thèmes abordés avec finesse, sans avoir l’air d’y toucher. C’est Houellebecq sans la désespérance. Au travers de son personnage, l’auteur analyse les situations sans affect, mais s’intéresse aussi aux émotions qu’elle peuvent, qu’elles devraient provoquer. L’écriture est sensible et fluide. Il y a un ton, un voix, très attachants. Et beaucoup de tendresse dans ce beau roman déjanté.

Chien, par Samuel Benchetrit, éditions Grasset, 2015, 282 pages.

Chien, par Samuel Benchetrit, éditions Pocket.2018, 241 pages

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