Chien, par Samuel Benchetrit, éditions Grasset
CRITIQUE , ROMAN / 28 août 2018

Il s’appelle Jacques Blanchot, est marié et père de Victor. Enfin père, rien n’est moins sûr. Sa femme souffre d’une étrange maladie: sa peau la brûle, elle perd ses cheveux et ses ongles jaunissent. Le docteur Zenger, un spécialiste, est parvenu à déterminer la cause de cette pathologie. Et la cause, c’est Jacques. La maladie s’appelle d’ailleurs la blanchoite aiguë. Jacques doit partir. Il s’installe à l’hôtel, après avoir acheté un chiot ainsi que tous les accessoires nécessaires au confort de son nouveau compagnon. Nouveau compagnon qui est écrasé par un bus dès la sortie de l’animalerie. A l’hôtel, Jacques se surprend très vite à dormir dans la niche en mousse du chiot trop tôt disparu. L’hôtel coûte cher et Jacques n’a déjà plus les moyens de payer. Il perd le jour-même le modeste emploi qu’il occupait dans un magasin de fournitures pour les beaux-arts. Dès lors, la métamorphose de Jacques s’accélère. Il devient un chien. Un chien moche, mais un chien quand même. Il est recueilli et adopté par le propriétaire de l’animalerie dans laquelle il avait acheté son chiot. Aux frontières de l’absurde, et avec un cynisme jamais tout à fait noir, Samuel Benchetrit jette sur la société…

Vers la beauté, par David Foenkinos, éditions Gallimard
CRITIQUE , ROMAN / 20 août 2018

David Foenkinos renoue avec le monde de la peinture pour son très beau roman, Vers la beauté. On y croise d’ailleurs Charlotte Salomon, sujet de son roman paru en 2014. Antoine Duris est professeur d’histoire de l’art aux Beaux-Arts de Lyon. Mais il décide de démissionner et se fait engager comme gardien au Musée d’Orsay où une rétrospective Modigliani s’ouvre justement. Ca tombe bien, Antoine a consacré sa thèse au peintre. A Paris, le nouveau gardien évite autant que faire se peut toute forme de socialisation. Il vit dans le souvenir de l’amour de Louise et dans un spleen dont le lecteur ne connaîtra la raison qu’en toute fin de roman. Dans l’exercice de sa nouvelle fonction, Antoine ne peut s’empêcher de compléter les commentaires du guide qui conduit les groupes à travers le musée. Sa première intervention lui vaut une remontrance de la pourtant bienveillante Mathilde, directrice des ressources humaines. La seconde incartade sera fatale. Mathilde, qui n’est pas insensible à la personnalité très réservée et un peu rêveuse d’Antoine, le ramène à Lyon. En arrivant dans sa ville, Antoine conduit Mathilde dans un cimetière, sur la tombe de Camille Perrotin, morte à l’âge de 18 ans. C’est dans…

Vous connaissez peut-être, par Joann Sfar, éditions Albin Michel
AUTOBIOGRAPHIE , CRITIQUE , ROMAN / 29 août 2017

[RENTREE AUTOMNE 2017] Vous connaissez peut-être, c’est la phrase que vous impose régulièrement Facebook pour vous suggérer de nouvelles amitiés virtuelles. Dans ce roman autobiographique, Joann Sfar nous raconte sa rencontre virtuelle avec la jeune et jolie Lili, et celle, bien réelle par contre, avec Marvin, un bull-terrier extrêmement malin, mais tueur de chats. «Tout est vrai sinon ce n’est pas drôle» nous prévient l’auteur. Si tout est vrai, ce n’est pas drôle du tout. Car ce que le lecteur prend d’emblée en pleine face, c’est l’immense souffrance de l’auteur, sa peur panique de la solitude. S’il s’inscrit dans la continuité de Comment tu parles de ton père, ce roman est beaucoup plus violent. Et plus foutraque dans sa construction. Joann Sfar nous y dévoile sa vie sexuelle dans le détail, mais parle aussi de ses débuts de prof aux Beaux-Arts et fait régulièrement référence à Gainsbourg, évidemment. Mais la véritable question que pose ce roman dérangeant est celle de la création. Comment continuer à raconter des histoires à des gens qui passent trois heures par jour devant des écrans? Quelle part de vérité et quelle part de fiction dans ce que délivrent les réseaux sociaux? Joann Sfar prendra la…