On parle souvent et à juste titre de la bande originale des films. On ne parle que très rarement des bandes originales des livres. Pourtant, la musique est omniprésente dans les pages de nombreux romans. Voix de Plumes va donc régulièrement vous proposer de découvrir la bande originale des livres chroniqués sur le site. On commence avec le premier roman de Marc Trévidic dont vous pouvez également lire la critique
La première apparition musicale intervient page 22. Nous avons alors fait connaissance avec Farhat, le père d’Ahlam et d’Issam. La mère de Farhat le ramène à un souvenir d’enfance pour lui faire comprendre l’importance de l’éducation, de l’école, de l’écriture. Elle lui parle alors d’une chanson d’enfance: – Mon ballon est tellement grand, Il vole comme un oiseau. Voici la version arabe de cette chanson:
Un peu plus loin, page 35, Paul Arezzo, peintre jeune, célèbre et riche, est arrivé aux Kerkennah, en Tunisie. Il loue les services de Fahrat le pêcheur pour faire le tour de l’île en felouque afin de capter les paysages. «Pendant que Farhat virait et revirait de bord, Paul croquait et crayonnait en chantonnant.
– I can’t get no satisfaction, Farhat. Essaie encore… Tr… tr… try… try… try…. Passe plus près de la plage.»
Nora, la femme de Farhat, est atteinte de leucémie fulgurante. Paul qui n’est pas insensible à ses charmes la fait transporter à Paris où elle succombera à la maladie. Consciente de sa fin proche, elle demande à Paul de noter les paroles des chansons qu’elle chante à ses enfants, page 53. Pour Ahlam, la chanson est la suivante : Mon nounours est petit, très doux et très beau. Et son nez lui va si bien. Et puis ses yeux, regardez, regardez, brillants d’intelligence… Nous n’avons pas trouvé de version audio de cette chanson enfantine tunisienne, mais elle est répertoriée sur l’excellent site mamalisa.com. En voici le texte en arabe:
Paul a pris en main l’éducation artistique d’Ahlam et d’Issam. Il peint, elle joue du piano. Le but du Français est de faire peindre par Issam la musique jouée par Ahlam. Page 72: «Ahlam se mit au piano. Elle joua la Lettre à Elise tandis qu’Issam jetait doucement des traits parfois serrés, parfois amples sur la toile. Puis elle accéléra la cadence avec un Get Back énergique. […] A la fin, Ahlam offrit la toile de Beethoven à Fatima, Issam celle des Beatles à Farhat.
En faisant peindre par Issam la musique jouée pas Asham, Paul vise un autre but, beaucoup plus ambitieux, page 74. «Malgré son enthousiame, Paul n’avait pas encore trouvé la clé. Il avait toujours eu cette ambition d’atteindre l’universalisme des arts, des les rassembler en une œuvre unique. Qui ne l’avait pas eue? Debussy, Wagner, Daniel Seret, Kandinsky ou Paul Klee: tous avaient eu, à leur façon et à leur époque, le même rêve, celui de l’unicité de l’art.»
On notera que Daniel Seret s’est livré à des retranscriptions de musique via sa peinture.
Grâce aux conseil de Paul, Ahlam ne cesse de progresser, page 87: «La dextérité d’Ahlam ne cessait de surprendre Paul. En deux ans, elle était passée de Il était un petit navire joué à un doigt à des sonates de Mozart, en passant par le jazz et la variété.»
Les progrès d’Issam et Ahlam sont tels que Paul commence à organiser de petits spectacles pour la famille et les amis, page 93: «La représentation fut un grand succès. Les enfants interprétèrent un passage d’un nocturne de Chopin, Ma Préférence de Julien Clerc et Just One of Those Things de Cole Porter.»
La chanson enfantine du dromadaire croisée par 53 revient pages 94 et 95 dans une scène importante du livre. Mais comme indiqué plus haut, nous n’avons pas réussi à trouver cette chanson qui apparaît une fois encore page 205.
Il faut attendre la quasi fin du livre pour que la musique se faufile à nouveau dans les pages du roman. Les sentiments de Paul pour Ahlam, devenue une jeune femme, sont l’occasion de jolies pages. La musique revient page 276 : «Elle l’attendait, peu importe la différence d’âge. Tout à l’heure, elle ira au piano et lui jouera Elisa. Elle lui demandera de chanter – Tes vingt ans mes quarante, si tu crois que cela me tourmente, ah non vraiment Lisa-, et ils souriront ensemble de cet obstacle aboli, de ce détail insignifiant.»
Les choses vont mal tourner à la fin du roman. Ahlam est enlevée par des terroristes et, après sa libération, elle tiendra conférence de presse lors du vernissage d’une toile peinte par Paul pour dénoncer ce qu’elle a subi, page 303 : «Dans le salon, Ahlam faisait de même en arabe. Elle racontait pour la millième fois, dans le moindre détail, ce que les terroristes lui avaient fait subir. Assis sur le canapé, deux Français et un Anglais buvaient des bières. Un Chinois jouait au piano une chanson de Frank Sinatra.»
La dernière référence musicale intervient page 304. Au lendemain de la conférence de presse, on retrouve Paul et Ahlam dans la maison de la plage : «Quand Paul et Ahlam se réveillèrent, ils savaient qu’ils avaient gagné une bataille. Ils étaient heureux et affamés. Après le déjeuner, Ahlam se mit au piano. Elle joua longtemps du Berlioz tandis que Paul rêvassait sur le canapé.»
Un commentaire
Ahlam, par Marc Trévidic, Editions JC Lattès – Voix de Plumes