Contrairement à ce qu’annonce l’éditeur, Véronique ta mère n’est pas un roman mais bien un récit. Un récit autobiographique. Malgré le calembour douteux du titre, ce troisième ouvrage de Philippe Gindre est un hommage à sa tante Véronique dont la quatrième de couverture résume les saints préceptes: «fumer beaucoup, déconsidérer toute forme d’autorité, vénérer le rock’n’roll, aller aussi souvent que possible à la rivière et fumer encore plus».
Cette tante Véronique est un phénomène. En la racontant, Philippe Gindre revient sur son propre parcours, complexe et chaotique. Tante Véronique, c’est l’antithèse de la sévérité parentale, la solution rapide a bien des problèmes quotidiens. C’est aussi l’apprentissage de la fumette pour son neveu, dès l’âge de onze ans. Philippe Gindre nous dévoile également sa dérive personnelle, de thérapies en rechutes, d’espoirs en cul-de-sac. Il y avait de quoi en vouloir à cette tante qui lui a inculqué un idéal de révolte et de liberté, quel qu’en soit le prix à payer. Mais c’est une infinie tendresse qui domine ce portrait hors normes. Et lorsque Véronique s’en va, parfois pour des mois, laissant sa fille à ses sœurs, Philippe se sent abandonné.
Philippe Gindre trace le portrait de la représentante d’une époque probablement révolue, un portrait tendre et critique. Il rend hommage à cette tante comme il rend hommage, en passant, à un autre membre de la famille, Luc, le journaliste alcoolique (que j’ai bien connu) dont une rue du quartier de Saint-Jean, à Genève, porte clandestinement le nom.
La liberté d’écriture de l’auteur offre le meilleur comme, parfois, le pire. Une liberté qui fait preuve à l’occasion de paresse et lâche alors des phrases dont le légèreté n’est pas la première des vertus: «Je sors de l’eau et viens de m’allumer un pétard d’un shit incroyable, noir comme le trou du cul de Chuck Berry». Peut mieux faire!
Sans être une ode à la défonce, Véronique ta mère est un récit dont la dope est sans conteste le personnage principal.
Véronique ta mère, par Philippe Gindre, éditions des sauvages, 2017, 185 pages.
Pas de commentaire
Les commentaires sont fermés.