Affaires privées, par Marie Laberge, éditions Québec Amérique
CRITIQUE , POLAR , ROMAN / 27 juillet 2018

Avec Affaires privées, Marie Laberge renoue avec les deux attachants personnages de Sans rien ni personne (2007) et Mauvaise foi (2013). Vicky Barbeau travaille à l’escouade des crimes non résolus de la Sûreté du Québec, sous les ordres de Rémy Brisson. Son collègue français Patrice Durand travaille Quai des Orfèvres, à Paris. Ils vont être plongés tous les deux dans une enquête qui n’en est pas une, ponctuée de potentiels conflits d’intérêt. Isabelle Gosselin, ancien amour de Rémy Brisson, lui demande d’enquêter sur la mort de sa fille, Ariel, même si le rapport du légiste ne laisse aucun doute, la jeune fille de quinze ans s’est suicidée. Vicky quitte Montréal pour Québec et se rend dans la prestigieuse école privée dirigée par Jacynthe Pouliot. Très vite, Vicky découvre qu’un autre suicide a eu lieu dans le même établissement scolaire, trente-deux mois plus tôt. Andreane Sirois, douze ans, s’est jetée du toit de l’école. Après avoir interrogé quelques élèves et les professeurs, Vicky découvre l’incompétence de Nathalie Dubuc, une ergothérapeute qui officie comme psychologue scolaire. Elle s’aperçoit également que la cause des suicides des deux adolescentes est à cherche du côté du groupe théâtral. Un atelier dirigé successivement par Ginette Soucy,…

Véronique ta mère, par Philippe Gindre, éditions des sauvages
CRITIQUE , RECIT / 18 décembre 2017

Contrairement à ce qu’annonce l’éditeur, Véronique ta mère n’est pas un roman mais bien un récit. Un récit autobiographique. Malgré le calembour douteux du titre, ce troisième ouvrage de Philippe Gindre est un hommage à sa tante Véronique dont la quatrième de couverture résume les saints préceptes: «fumer beaucoup, déconsidérer toute forme d’autorité, vénérer le rock’n’roll, aller aussi souvent que possible à la rivière et fumer encore plus». Cette tante Véronique est un phénomène. En la racontant, Philippe Gindre revient sur son propre parcours, complexe et chaotique. Tante Véronique, c’est l’antithèse de la sévérité parentale, la solution rapide a bien des problèmes quotidiens. C’est aussi l’apprentissage de la fumette pour son neveu, dès l’âge de onze ans. Philippe Gindre nous dévoile également sa dérive personnelle, de thérapies en rechutes, d’espoirs en cul-de-sac. Il y avait de quoi en vouloir à cette tante qui lui a inculqué un idéal de révolte et de liberté, quel qu’en soit le prix à payer. Mais c’est une infinie tendresse qui domine ce portrait hors normes. Et lorsque Véronique s’en va, parfois pour des mois, laissant sa fille à ses sœurs, Philippe se sent abandonné. Philippe Gindre trace le portrait de la représentante d’une époque…

Gazoline Tango, par Franck Balandier, Editions Le Castor Astral
CRITIQUE , ROMAN / 12 septembre 2017

[RENTREE AUTOMNE 2017] «L’humour est la politesse du désespoir» disait Boris Vian. «C’est qu’il évite d’en incommoder les autres. Il y a du tragique dans l’humour: mais c’est un tragique qui refuse de se prendre au sérieux. Il travaille sur nos espérances, pour en masquer les limites; sur nos déceptions, pour en rire; sur nos angoisses, pour les surmonter» ajoute André Comte-Sponville. Tout le roman de Franck Balandier tient dans ces deux définitions. Que nous est-il arrivé depuis le 11 juillet 1983, date de naissance de Benjamin Granger, son personnage? En reste-t-il des souvenirs, ou nous sommes-nous contentés d’en fabriquer, pour survivre? Il y a quelque chose du Vernon Subutex de Virginie Despentes chez Benjamin: cette façon d’être en marge tout en étant dedans. Gazoline Tango parcourt d’ailleurs, à peu de choses près, la même période que la trilogie Subutex, des années 80 à nos jours. Mais là où Virginie Despentes porte un regard sociologique sur la société, Franck Balandier plonge dans la matière organique de ces années sexe, drogue et pas forcément rock’n’roll. Il va chercher, creuser, fouiller au plus profond de l’humain. Benjamin, né contre son gré et contre celui de sa mère, Isabelle, batteuse dans un groupe…