Puisque tout passe, par Claire Chazal, éditions Grasset
AUTOBIOGRAPHIE , CHRONIQUES , CRITIQUE / 30 juillet 2018

Après avoir présenté durant vingt-quatre ans les journaux du week-end sur TF1, Claire Chazal est brutalement écartée de l’antenne en 2015. «Sale année 2015, qui aura vu la mort de ma mère, le départ de mon fils du nid que nous occupions tous les deux, et l’arrêt de ma carrière. Tout ça est dans l’ordre des choses, peut-être, mais je ne m’y résous pas.» Trois ans plus tard, Claire Chazal publie Puisque tout passe. Ces fragments de vie, de courts chapitres qui tissent une toile impressionniste de la journaliste et de la femme, jettent un éclairage étonnant sur le personnage public. Le lecteur découvre effectivement une femme inquiète, fragile, parfois mélancolique, souvent solitaire. Malgré la pudeur des propos, les blessures sont perceptibles, compréhensibles, les blessures amoureuses en particulier. Claire Chazal s’interroge beaucoup, sur son métier, sur sa vie, sur le temps qui passe et qui l’effraye, sur la mort (celles de son père et de sa mère, mais sur la sienne propre aussi, qui laissera son fils François orphelin). L’auteur revient aussi sur son enfance, ses amies (dont l’une est une presque sœur), ses parents issus de milieu modeste et devenus enseignants tous les deux à force de détermination. Claire…

Bande originale d’Indocile, par Yves Bichet
BANDE ORIGINALE , ROMAN / 10 septembre 2017

La musique fait très vite son entrée dans le beau roman d’Yves Bichet dont vous pouvez aussi lire la critique. Théo est dans la chambre d’Antoine, inconscient sur son lit d’hôpital. Par la fenêtre, il entend une fanfare militaire qui joue La gloire immortelle de nos aïeux, non sans quelques couacs. Alors que les militaires jouent à l’extérieur, Théo décide de passer de la musique à Antoine. «On met Johnny?» lui propose-t-il. Passent alors Retiens la nuit et Souvenirs Souvenirs. Quelques pages plus loin, nous découvrons Mila, une fillette qui joue avec ses deux copines dans une roulotte alors que sa grand-mère prépare le goûter dans la maison toute proche. Au mur de la roulotte, une affiche des Doriss Girls dont Mila chantonnera l’air un peu plus tard. Mila a grandi et elle rencontre Théo. Ensemble, ils se rendent à la foire de Beaucroissant. Et devant le Palais des Délices, un haut-parleur fait jaillir La Belle de Cadix. On retrouve Johnny Hallyday dès le début du chapitre suivant (chapitre 5) qui commence avec la citation des paroles de Douce violence. Mila et Théo ont fait l’amour. Pour lui, c’est la première fois. De l’autre côté du lac au bord duquel…

Bande originale de Djibouti, par Pierre Deram
BANDE ORIGINALE , ROMAN / 18 janvier 2016

Au début du roman (dont vous pouvez lire la critique ici), Markus se retrouve dans un taxi avec son capitaine et Maronsol, dont il dresse le portrait suivant, page 20: «Chanteur préfér: Johnny Hallyday. Inconditionnel. Il n’y avait qu’au karaoké qu’il s’épanouissait tout entier, déchaîné, hors de lui. Tout le répertoire y passait. Parfois, pendant les manœuvres, on le voyait sortir d’un trou de bombe, les poignets collés au dessus de la tête en gueulant de toutes ses forces : Dix ans/ de chaînes/ sans voir/ le jour C’était/ ma peine/ forçat de l’aaamour J’ai refusé/ MOURIR D’AMOUR ENCHAÎNEEEEEE. C’était aussi un bon imitateur de Bourvil. C’est mon véo, c’est mon vélo, à deux cents mètres à la ronde pendant les marches de nuit.» Quelques pages plus loin, page 36, c’est une chanson de militaires créée dans les années 30 que chantent les militaires de Djibouti dans un bistrot: «Un chant monta lentement puis de plus en plus fort et il n’y eut pas un homme dans la salle qui n’entonnât le refrain. Opium! Poison de rêve Fumée qui monte au ciel C’est toi qui nous élèves Au paradis artificiel»