Sciences de la vie, par Joy Sorman, éditions du Seuil
CRITIQUE , ROMAN / 12 décembre 2017

Roman singulier que ce Sciences de la vie. Ninon Moïse est frappée d’un mal étrange: la peau de ses bras provoque une insupportable douleur au moindre effleurement. Seulement les bras, des épaules aux poignets. Peut-on maîtriser la douleur en la nommant? Pas sûr. L’allodynie tactile dynamique dont souffre l’adolescente ne s’estompe pas après avoir été nommée. La peau et la douleur sont les motifs récurrents de ce roman construit comme une pièce musicale dont le refrain serai plus long, beaucoup plus long que les couplets. Le refrain, ce sont les visites de Ninon à une armée de spécialistes sensés lui venir en aide: dermatologues, radiologues, médecins, psychiatres, chamanes, hydrothérapeutes, kinés, cardiologues. Aucun ne parviendra à atténuer la douleur, à vaincre le mal. Seule une tatoueuse parviendra à détourner la douleur en noircissant les bras de la jeune fille. Ninon en a eu l’idée en voyant une photo de Daniel Darc, bras encrés fièrement brandis. Les couplets sont constitués des récits de maladies étranges, rares ou incongrues qui frappent l’ascendance de Ninon depuis des siècles. C’est sa mère qui les lui raconte, presque pieusement. Le roman foisonne de termes médicaux, d’énumérations anatomiques, ce qui lui donne une dimension poétique étonnante. Joy…

Jésus selon Mahomet, par Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, Editions du Seuil/Arte éditions
CRITIQUE , ESSAI / 8 avril 2017

Passionnant ouvrage écrit dans le prolongement de la série documentaire Jésus et l’islam diffusée par Arte. La grande majorité des lecteurs sera surprise de découvrir le rôle important joué par Jésus dans le Coran qui évoque notamment longuement la crucifixion. Jérôme Prieur et Gérard Mordillat font un travail d’analyse remarquable, démontrant comment le christianisme est né du judaïsme et comment l’islam est issu de ces deux Religions du Livre. La principale controverse entre musulmans et chrétiens à propos de Jésus réside dans la Sainte Trinité des chrétiens que les musulmans ne peuvent concevoir, Dieu étant Dieu et unique. Les noms de Mahomet et de Jésus, tous deux serviteurs de Dieu, figurent quasiment à égalité sur la grande fresque du Dôme du Rocher, érigé à Jérusalem à l’emplacement de l’ancien Temple de Salomon.Pourtant, dans le Coran, Jésus est celui qui intervient à la Fin des Temps pour terrasser l’Antéchrist, le Dajjâl, alors que Mahomet ne joue là quasiment aucun rôle. On se demande pourquoi l’omniprésence de Jésus dans le Coran n’est pas mieux connue des chrétiens. On retiendra dans le remarquable travail des deux auteurs, la recherche de la vérité historique qui, bien souvent, se heurte aux résistances religieuses. Ici, la…

Nour, pourquoi n’ai-je rien vu venir ?, par Rachid Benzine, Editions du Seuil
CRITIQUE , ESSAI , ROMAN , THEATRE / 4 mars 2017

«Je suis, depuis des mois, travaillé par une question lancinante, qui revient cogner en moi comme une migraine, récurrente, familière. Pourquoi de jeunes hommes et jeunes femmes, nés dans mon pays, issus de ma culture, dont les appartenances semblent recouvrir les miennes, décident-ils de partir dans un pays en guerre et de tuer au non d’un Dieu qui est aussi le mien ?» Cette question, Rachid Benzine, enseignant, islamologue et chercheur franco-marocain, a choisi de la traiter à travers une fiction. Mais son roman épistolaire a valeur d’essai tant il aborde intelligemment une question qui, pour beaucoup, reste sans réponse. Nour (qui signifie lumière en arabe) écrit à son père pour lui annoncer qu’elle est à Falloujah, où elle vient d’épouser le chef de la police locale. Son père, enseignant et philosophe, chercheur comme Rachid Benzine, est tout d’abord rassuré de recevoir des nouvelles de sa fille de vingt ans. Mais il est abasourdi par ce qu’il découvre. Nour, à qui il a inculqué le sens critique, les principes de l’analyse et de l’étude (elle poursuivait de brillantes études en philosophie et en science religieuse) a choisi de rejoindre l’Etat islamique. Père et fille vont dès lors correspondre, jusqu’au drame final….

Les six finalistes du Prix du Public de la RTS
ACTUALITE , PRIX LITTERAIRES , ROMAN / 22 janvier 2017

La RTS a dévoilé hier les six ouvrages de la sélection finale du Prix du public 2017. Après lecture d’une soixantaine d’ouvrages, le jury dirigé par Patrick Ferla a donc désigné L’Ajar, pour Vivre près des tilleuls (Flammarion), Silvia Härri pour Je suis mort un soir d’été (Bernard Campiche), Jean-François Haas pour L’homme qui voulut acheter une ville (Seuil), Ralph Lutli pour Le dernier voyage de Soutine (Le bruit du temps), Pascale Kramer pour Autopsie d’un père (Flammarion) et Elisa Shua Dussapin pour Hiver à Sokcho (Zoé)