Hannah, par Sarah Tschopp, éditions Encre Fraîche
CRITIQUE , ROMAN / 19 décembre 2017

Hannah est une petite fille partagée entre un papa et une maman séparés. Papa refait sa vie avec Ingrid, maman se bat contre un cancer et c’est Mia qui veille sur elle. Et il y a aussi la maman de Lena, la meilleure amie d’Hannah. Pour ce premier roman, Sarah Tschopp se glisse dans la peau et dans les mots de son personnage. C’est donc avec des mots et des pensées d’enfant que le lecteur découvre l’univers de cette famille décomposée, recomposée. Il n’y a rien de plus difficile que de parler (et donc d’écrire) avec des mots d’enfants lorsqu’on ne l’est plus. Sarah Tschopp y parvient la plupart du temps. Le changement de ville, le changement de langue d’Hannah sont fort bien décrits et le lecteur vit avec elle ce quasi exil. Il comprend aussi le dilemme du père d’Hannah, tiraillé entre sa nouvelle compagne et son ex-femme malade. C’est avec le personnage de Mia que les choses ne fonctionnent pas. Avec cette femme ambigue, Sarah Tschopp introduit une double histoire: celle qui unit visiblement Mia à la mère d’Hannah d’une part, et les rapports tendus entre Hannah et Mia en quasi manipulatrice perverse. Le lecteur n’y trouve pas…

La dernière gorgée de bière, par Ariane Ferrier, éditions bsn press
CRITIQUE , RECIT , SOUVENIRS PERSONNELS / 14 décembre 2017

24 juin 2017, 15 heures 10. Je reçois sur Messenger un message groupé signé Ariane Ferrier: «Chers gens-que-j’aime, il n’y a pas de jolie façon de le dire: la tumeur est revenue. Comme je l’avais décidé, au moment du diagnostic, je ne vais pas m’acharner. Cette décision est totalement sereine! Désolée si je vous fais de la peine…» Ariane, dans toute sa splendeur! Quatre jours après la parution de La dernière gorgée de bière, Ariane n’était plus. J’ai longtemps tourné autour de son livre, sans oser l’ouvrir: peur de l’absence et du chagrin. Et puis voilà, je l’ai lu. Et Ariane est plus vivante que jamais. Je commence par prendre la préface de Mélanie Chappuis en pleine figure. Mélanie a rencontré Ariane à La Tribune de Genève. Alors chef de la rubrique genevoise du quotidien, je venais d’engager la première comme pigiste (je me souviens encore parfaitement de son arrivée en rollers, une recommandation d’Antoine Maurice en bandoulière) et la seconde, que je connaissais de longue date, me livrait chaque semaine sa chronique. Mélanie Chappuis est d’une justesse absolue dans le portrait qu’elle dresse de celle qui est devenue son amie. Ariane Ferrier, elle nous offre un voyage: «la traversée…

Les Lueurs, par Matthieu Mégevand, Editions L’âge d’homme
AUTOBIOGRAPHIE , CRITIQUE , RECIT / 20 mars 2016

Dix ans après les événements, Matthieu Mégevand revient dans ce récit sur la maladie qui l’a frappé alors qu’il n’avait que vint-et-un ans. La maladie? Un lymphome de Hodgkin, soit un cancer du système lymphatique. Le récit commence par les vacances de jeunes adultes dans le sud de la France. Premières manifestations de la maladie qui n’est pas encore perçue comme telle. Retour à Genève. Premiers examens, diagnostic. «Ce que me dit ce radiologue et qui ne laisse plus aucun doute: « Un écartement au niveau du cœur ». Cette phrase-là, elle résonne dans ma tête. Elle change toute ma vie.» Pour l’auteur, il s’agit d’explorer ce que la mémoire a retenu de ces événements qui ont changé toute sa vie. Qu’a retenu la mémoire, qu’a-t-elle oublié? Dès les premières pages, cet aveu : «Je dois le dire. Ce premier souvenir que je raconte: le mettre ainsi par écrit, le mettre en mot déjà me coûte. Cela m’inquiète, cela dénature tout.» L’auteur s’acharne pourtant, fouille dans les souvenirs et dans un carnet noir où sont consignés les poèmes, les pensées, le journal de l’époque. Mais Matthieu Mégevand va plus loin et fait de ce récit un véritable objet littéraire. A chaque étape…