Il faut placer ce texte dans le contexte de la collection Le Souffle de l’esprit d’Actes Sud. «La collection Le Souffle de l’esprit se veut le reflet d’un ouverture des uns aux autres, à travers la prière, la réflexion, la méditation. Nous avons demandé à des personnalités religieuses ou laïques, croyantes, athées ou agnostiques, de nous faire part de leurs “prières”, qu’elle soient une invocation à Dieu ou une réflexion de sagesse sur l’humain et son devenir.» Alors? Ce chute et ravissement? Prière? Invocation au Dieu Rimbaud? Une chose est sûre, c’est bien à Rimbaud que s’adresse Brigitte Fontaine. Mais peut-être aussi et surtout à nous tous qui ne sommes pas sortis du Servage. Rimbaud qui «ne veut savoir rien/ des fashion weeks», mais Rimbaud qu’on implore: «Arthur/peux-tu nous aider à traverser la rue/nous sommes de vieilles dames vaincues/des vieillards surgelés.»
Brigitte Fontaine ne lit plus Rimbaud, elle le porte dans son cœur, lui rend hommage, mais le rabroue aussi: «le bateau ivre, ouais ouais, mais un peu académique non?» Rimbaud qui n’est jamais aussi grand pour Brigitte Fontaine que quand il cesse d’écrire. «Il n’y a pas de secours/pas de recours/seul seule pour toujours/sans même l’amour/l’amour du plein/l’amour du rien.» Ou encore: «pardon mon maître/il n’y a pas/de dormeur du val.»
La chute aura pris le meilleur sur le ravissement (celui de la lumière) à l’heure ou tout est gris et presque noir: «Signé:/une femme pas encore vraiment délivrée du long Servage/Quelqu’un pas encore délivré du long Servage de chacun/Brigitte Fontaine.»
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