chute et ravissement, par Brigitte Fontaine, éditions Actes Sud
CRITIQUE , POESIE / 17 septembre 2017

Il faut placer ce texte dans le contexte de la collection Le Souffle de l’esprit d’Actes Sud. «La collection Le Souffle de l’esprit se veut le reflet d’un ouverture des uns aux autres, à travers la prière, la réflexion, la méditation. Nous avons demandé à des personnalités religieuses ou laïques, croyantes, athées ou agnostiques, de nous faire part de leurs “prières”, qu’elle soient une invocation à Dieu ou une réflexion de sagesse sur l’humain et son devenir.» Alors? Ce chute et ravissement? Prière? Invocation au Dieu Rimbaud? Une chose est sûre, c’est bien à Rimbaud que s’adresse Brigitte Fontaine. Mais peut-être aussi et surtout à nous tous qui ne sommes pas sortis du Servage. Rimbaud qui «ne veut savoir rien/ des fashion weeks», mais Rimbaud qu’on implore: «Arthur/peux-tu nous aider à traverser la rue/nous sommes de vieilles dames vaincues/des vieillards surgelés.» Brigitte Fontaine ne lit plus Rimbaud, elle le porte dans son cœur, lui rend hommage, mais le rabroue aussi: «le bateau ivre, ouais ouais, mais un peu académique non?» Rimbaud qui n’est jamais aussi grand pour Brigitte Fontaine que quand il cesse d’écrire. «Il n’y a pas de secours/pas de recours/seul seule pour toujours/sans même l’amour/l’amour du plein/l’amour du…

Relever les déluges, par David Bosc, éditions Verdier
CRITIQUE , NOUVELLES , RECIT / 12 août 2017

C’est aux Illuminations de Rimbaud que David Bosc emprunte le titre générique de ces quatre nouvelles que l’auteur préfère d’ailleurs appeler des récits. Quatre récits pour quatre personnages. Frédéric II de Hohenstaufen d’abord, à qui Guillaume de Capparone «fait l’infamant cadeau de la liberté (car personne n’en veut, à cette heure, et le mot lui-même ne fait rêver que les fous).» Honoré Mirabel ensuite, paysan du Pertuis qui s’invente la découverte d’un trésor, ce qu’il fait croire autour de lui. Le leurre lui procure une liberté dont il sait qu’il devra payer le prix fort en cette année 1729. Miguel, homme de La Mancha, vit en 1938 et s’engage pour lutter contre les fascistes espagnols. Mais lorsque la liberté pour laquelle il se bat vient à manquer au sein de ses propres rangs, il choisit la montagne et la forêt. Denis, enfin, est proche d’un groupuscule anarchiste dans le Marseille des années 1980. Proche ne signifie pas inclus. Et c’est bien là le point commun à ces quatre personnages qui font, en pionniers et en solitaires, l’expérience de la liberté, ce bien dont personne ne veut. Ce court recueil, qui se promène à travers les siècles, dit aussi beaucoup du…