La malédiction de Svetlana, par Beata de Robien, Editions Albin Michel
BIOGRAPHIE , CRITIQUE / 10 avril 2017

1967. La fille de Staline fait défection. Avant d’être accueillie à New-York dans une effervescence comparable à celle provoquée par les Beatles trois ans auparavant, Svetlana transite par la Suisse avec pour seul viatique le manuscrit de sa première autobiographie. Un livre qui lui fera gagner des millions de dollars et dans lequel elle raconte sa vie au Kremlin. Une vie que Beata de Robien nous restitue dans le détail, du suicide de sa mère Nadia alors qu’elle n’a pas sept ans, à ses trois mariages en Russie, mariages dont sont nés deux enfants, Ossia et Katia. Elle les laissera derrière elle en fuyant vers l’ouest. C’est un voyage en Inde, où elle a été autorisée à se rendre pour rapatrier les cendres de sont amant/mari Brajesh Singh, qui lui donne l’occasion de quitter l’URSS, début mars 1967. Installée aux Etats-Unis, fortune faire grâce aux droits de sa première autobiographie, Svetlana mène une vie confortable, même si elle distribue généreusement sa fortune à des œuvres de bienfaisance. C’est son quatrième mari, Wesley Peters, qui la ruinera. Elle éponge ses dettes, finance les expériences agricoles de son fils et se place sous la coupe de la veuve de l’architecte Frank Lloyd…

Plus tard, je serai un enfant, par Eric-Emmanuel Schmitt, entretiens avec Catherine Lalanne, Bayard éditions
BIOGRAPHIE , CRITIQUE , ENTRETIENS / 28 février 2017

Excellente idée que cette collection L’Atelier de l‘enfance publiée par Bayard Editions. De quoi s’agit-il ? Tenter de découvrir dans quel jardin pousse l’herbe d’un artiste. Eric-Emmanuel Schmitt répond aux questions de Catherine Lalanne, rédactrice en chef à l’hebdomadaire Pèlerin et directrice de la collection. Le romancier et dramaturge nous apprend dans la préface, qu’il na pas eu la même enfance toute sa vie et que ce volume nous donne à découvrir l’enfance de ses 50 ans. Et de conclure cette mise en bouche en nous révélant qu’aujourd’hui, il est devenu son propre enfant. Premier constat, Eric-Emmanuel Schmitt et Catherine Lalanne se connaissent bien et se font confiance. Au point que l’écrivain a confié à la directrice de collection quelques photos tirées directement de l’album de famille. Elles figurent en fin d’ouvrage. Le lecteur commence son voyage au pays de l’enfance d’Eric-Emmanuel Schmitt sur un balcon. Celui de l’appartement que ses parents habitent à Lyon et qui permet au bambin de prendre de la hauteur en embrassant le monde du regard. Il découvre aussi, ce lecteur, l’importance d’un grand-père capable de saupoudrer la vie de paillettes d’or. Très vite, le jeune Eric-Emmanuel est un lecteur insatiable. Il apprend quasiment à lire…

Louis Soutter, probablement, par Michel Layaz, Editions Zoé
BIOGRAPHIE , CRITIQUE , ROMAN / 14 février 2017

Il faut une sensibilité hors du commun pour réussir ce que Michel Layaz atteint à la perfection avec Louis Soutter, probablement. Et toute la finesse de l’exercice réside dans ce «probablement». Biographie romancée du peintre et violoniste suisse, l’ouvrage respecte scrupuleusement le parcours de vie de Louis Soutter. Violoniste de talent, marié à Madge, et vivant à Colorado Springs, Soutter est victime de troubles qui pourraient s’apparenter au syndrome de Stendhal lorsque son jeu de violon atteint un seuil d’émotion insupportable. «Les êtres singuliers et leurs actes asociaux sont le charme d’un monde pluriel qui les expulse». Ainsi Jean Cocteau définit-il ses Enfants terribles. La phrase sied à Louis Soutter aussi bien qu’un de ces costumes à la coupe impeccable qu’il affectionnait tant. Tellement expulsé Louis Soutter qu’il se retrouve à l’asile. Pas chez les aliénés, non, mais parmi ceux qui ne parviennent pas à subvenir à leur besoins, à survivre seuls dans la vie que l’on qualifie, souvent à tort, de normale. A l’asile de Ballaigues, Soutter renoue avec le dessin qu’il avait pratiqué et enseigné aux Etats-Unis. Mais son art prend une toute autre dimension dans la chambre de l’asile. Le lecteur suit Louis, vit avec Louis, marche…