Avant ce récit, Marina Skalova n’a publié qu’un recueil de poésie. Et ce nouveau texte en est tout imprégné. Ce qui frappe d’emblée, c’est le rythme et le souffle de chaque phrase. Un rythme qui se déstructure en fin de récit pour imposer plus violemment encore au lecteur les ultimes émotions.
Ce récit est un conte. Il nous raconte l’histoire de ce navigateur qui débarque sur une île qui n’est jamais nommée, mais qui pourrait être la Suisse. Une île dont il a étudié les coutumes et appris la langue. La méfiance est popurtant au rendez-vous et l’intégration difficile, quasi impossible. Un artisan pourtant lui cède son atelier-logis, désireux de prendre la mer et de partir découvrir le monde. Malgré tout, le narrateur ne trouve pas sa place dans la communauté, se marginalise, achète ses provisions presque clandestinement. Pourtant un jour, un habitant qui a voyagé, vu d’autres contrées, l’invite à partager un repas. Le narrateur le quittera pourtant avec un sentiment étrange, un malaise.
La pluie tombe abondamment et la tempête fait rage. Puis certains autochtones tombent malade et meurent. Le narrateur de ce très beau récit est confronté au refus de l’altérité, à la méfiance, au rejet et à la stigmatisation. Un texte qui interpelle le lecteur et l’oblige à s’interroger sur son propre rapport à l’autre. Et toujours ce rythme de la phrase, ce souffle de la langue, le travail insidieux des mots. La force de la littérature en somme.
Amarres, par Marina Skalova, Editions L’âge d’homme, 79 pages.
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