«J’espère dire d’elle ce qui jamais ne fut dit d’aucune femme.» L’épigraphe de ce récit, empruntée à Dante est une promesse. Promesse tenue de bout en bout par Pascal Dethurens dans ce récit puissant, tant par la forme que sur le fond.
Le rire de Chiara, ce rire que Giovanni perçoit et localise tout en haut d’une tour de la place du Campo, à Sienne. Le rire, puis le regard de Chiara redescendue de son perchoir. «Elle était la promesse qui ne pouvait pas être tenue», parce que fille de famille, parce que trop vite partie de Sienne, parce que trop tôt partie pour l’éternité.
Giovanni cherchera Chiara partout, d’abord à toute allure au guidon de sa moto, puis dans les cieux de l’Italie et de l’Afrique aux commandes d’un avion. Giovanni est pilote dans l’armée de Mussolini. Chiara est partout dans le ciel, la lumière, les parfums et les rues. «Du jour où il avait croisé son regard une nouvelle vie s’était imposée à lui, impérieuse, misérable, écrasante.» C’est pourtant cette nouvelle vie qui lui ouvre les portes de la joie, même si «après tout ce temps, de cela au moins il était certain, elle était devenue une ombre, mais comme les ombres, d’une présence toujours plus envahissante.»
Avec Vita Nova, Pascal Dethurens signe le récit de l’amour absolu, celui que ni le mariage avec une autre, ni la paternité ne saurait amoindrir. L’amour qui conduit à n’être pas grand chose, puis plus rien. Un amour au-delà du désir physique: «il y a quelque chose après le désir qui s’appelle la promesse, il y a quelque chose après l’oubli et qui est l’inespéré.» Mais Giovanni n’oublie pas et au soir de sa vie, c’est encore la voix de Chiara qui lui murmure: «Moi seule j’ai pu t’offrir une insuffisance à la hauteur de ton désir, ne l’oublie pas!»
Tout simplement magistral!
Vita Nova, par Pascal Dethurens, Infolio éditions, 2017, 122 pages
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