Je peux me passer de l’aube, par Isabelle Alonso, éditions Héloïse d’Ormesson
CRITIQUE , ROMAN / 28 octobre 2017

[RENTREE AUTOMNE 2017] Avec Je mourrai une autre fois, Isabelle Alonso nous faisait partager la vie d’Angel Alcala Llach, dit Gelin, le double littéraire de son père dont elle avait recueilli les souvenirs avant son décès. Le lecteur suivait Gelin au cœur de l’émergence de la deuxième République espagnole et des espoirs qu’elle a fait naître. Gelin s’engage dans la guerre pour sauver la République. Il n’a que quinze ans. Le roman se refermait sur la détention du garçon dans un camp français. Je peux me passer de l’aube nous restitue Gelin au même moment, en 1939. Le 1er avril, à Burgos, Franco signe le communiqué annonçant la fin de la guerre. Avec ce beau roman, Isabelle Alonso nous rappelle que si la guerre est terminée, elle n’est pas finie pour autant. Elle va même durer encore plus de trente ans, jusqu’à la mort du Caudillo en 1975. L’histoire se façonne aux récits des vainqueurs. Dans le prologue à son roman, Isabelle Alonso s’insurge: «Dans les manuels scolaires des petits Espagnols d’aujourd’hui, on mentionne que Garcia Lorca mourut en Andalousie, pendant la guerre. Ce n’est pas faux. Juste incomplet.» Son odieux assassinat par les fascistes est en effet passé sous…

Les yeux fardés, par Lluis Llach, Babel éditions
ACTUALITE , CRITIQUE , ROMAN / 21 mai 2017

A l’occasion de la sortie du beau roman de Luis Llach en poche, je republie la brève critique rédigée lors de la sortie du roman chez Actes Sud.. Les yeux fardés est un roman d’amour. Un amour comme il y en a peu. Cet amour, c’est celui qui unit Germinal et David, deux garçons nés en 1920 dans le quartier populaire de Barcelone qu’est la Barceloneta. Il y a deux filles aussi, nées la même année: Mireia, que son père, contrebandier, emmènera dans son exil à Buenos Aires, et Joanna, qui ne survivra pas au bombardement de Barcelone par l’aviation italienne. Roman d’amour sur fond d’histoire, amour entre deux garçons à une époque où les sentiments pour un être de même sexe étaient intolérables et intolérés. Si le roman commence lentement, il se termine sur un rythme élevé. Le procédé narratif y est pour quelque chose: Germinal, 87 ans, raconte à Lluis, réalisateur en mal de sujet, les années qui ont changé sa vie à tout jamais.  L’espérance, avec la proclamation de la République, les désillusions avec la guerre civile et le fascisme qui s’installe, l’errance, vingt ans durant pour fuir le souvenir de «l’Ami aimé». On trouve au fil…

Les yeux fardés, par Lluis Llach, Editions Actes Sud
CRITIQUE , ROMAN / 21 octobre 2016

Les yeux fardés est un roman d’amour. Un amour comme il y en a peu. Cet amour, c’est celui qui unit Germinal et David, deux garçons nés en 1920 dans le quartier populaire de Barcelone qu’est la Barceloneta. Il y a deux filles aussi, nées la même année: Mireia, que son père, contrebandier, emmènera dans son exil à Buenos Aires, et Joanna, qui ne survivra pas au bombardement de Barcelone par l’aviation italienne. Roman d’amour sur fond d’histoire, amour entre deux garçons à une époque où les sentiments pour un être de même sexe étaient intolérables et intolérés. Si le roman commence lentement, il se termine sur un rythme élevé. Le procédé narratif y est pour quelque chose: Germinal, 87 ans, raconte à Lluis, réalisateur en mal de sujet, les années qui ont changé sa vie à tout jamais.  L’espérance, avec la proclamation de la République, les désillusions avec la guerre civile et le fascisme qui s’installe, l’errance, vingt ans durant pour fuir le souvenir de «l’Ami aimé». On trouve au fil des pages quelques uns des sujets qui ont nourri les chansons de Lluis Llach qui, à l’approche de la septantaine, fait une entrée plus que remarquée en littérature….