Etre ici est une splendeur – Vie de Paula M. Becker, par Marie Darrieussecq, P.O.L. éditeur
BIOGRAPHIE , CRITIQUE , ESSAI / 20 décembre 2017

Un geste amoureux. Ainsi Marie Darrieussecq définit-elle l’écriture de cette biographie, rédigée alors qu’avec Julia Garimorth  et Fabrice Hergott, elle préparait l’exposition Paula Modersohn-Becker au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris programmée d’avril à août 2016, «un printemps et un été pour Paula, cent dix ans après son dernier séjour parisien. Ecrire, montrer, c’était pour moi le même geste amoureux.» Au-delà de ce geste amoureux, il existe une large communauté d’intérêts entre Paula M. Becker et Marie Darrieussecq. La vie de la première est jalonnée des thèmes chers à l’œuvre romanesque de la seconde. A commencer par la tension entre conjugalité et liberté. Mariée au peintre Otto Modersohn, Paula s’émancipe de la peinture traditionnelle pratiquée par son mari en cherchant et en innovant sans cesse. Si elle aime son mari, que lui l’aime en retour, elle ne rêve que de s’échapper de ce mariage. Une tension qui se fait aussi géographique. De son village de Worpswede, près de Brême, au nord de l’Allemagne, Paula M. Becker n’aspire qu’à rejoindre Paris, ce qu’elle fera, la première fois le 1er janvier 1900. Dans le monde si masculin de la peinture du début du 20è siècle, le parcours de Paula M….

Littoral, par Bertrand Belin, P.O.L éditeur
CRITIQUE , ROMAN / 19 janvier 2017

Sur la page de garde de Littoral, il est écrit: Roman. Mais c’est un conte que nous offre Bertrand Belin. Un conte où l’on retrouve la très belle écriture de ses chansons, sur une distance plus longue. Une écriture qui jubile à explorer le champ lexical des bateaux et de la pêche, des poissons et des oiseaux. Trois hommes en mer: l’autre en rouge, le plus jeune et le troisième homme. Tout commence avec la découverte d’un cormoran qui s’est pris dans le filet de pêche, y a laissé la vie. Avec talent, Bertrand Belin instille une peur sournoise dans la narration. Qui a pu apercevoir les trois hommes sur leur embarcation? Petit à petit, le lecteur se rend compte que les trois protagonistes vivent en dictature, une dictature où «l’armée d’un pays» fait régner l’ordre. Sur le bateau, le plus jeune s’endort à la barre. C’est la collision, heureusement sans dommage. Mais pour le punir, l’autre en rouge le dépose sur une bouée d’où le plus jeune devra lancer ses filets, et l’abandonne là, sans que le troisième homme ne s’y oppose. L’occasion pour le plus jeune d’éprouver la solitude, mais aussi la liberté et la conscience de son…