Livret de famille, par Magyd Cherfi, Editions Actes Sud
CRITIQUE , RECIT / 21 mars 2017

Il est particulièrement intéressant de relire Livret de famille, treize ans après sa parution. Premier livre de Magyd Cherfi qui s’est, depuis, retrouvé sur la liste du Goncourt avec Ma part de Gaulois, ce récit lançait des alertes, deux ans après l’accession de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l’élection présidentielle française. Magyd Cherfi y exprime le déchirement et le rejet avec sensibilité et justesse. Déchirement de ceux qui se sentent Gaulois mais qui vivent dans une communauté où la religion musulmane est omniprésente, bien que pratiquée, ou non, à des degrés très divers. Rejet de ladite communauté pour les progressistes, rejet de la France pour les conservateurs. Une image est particulièrement parlante. Elle concerne le match de football France-Algérie. Je criais Algérie, mais je pensais France, confie l’auteur. «Ah ! Voltaire et Rousseau ! Quand on a lu ces mecs, on s’en remet pas. En assassinant Dieu, ils nous avaient fait naître une seconde fois». L’auteur convoque donc Voltaire et Rousseau pour revendiquer le droit à l’athéisme. Le rapport à la femme est également abordé avec beaucoup de franchise, et le chapitre intitulé Autobus impérial en dit davantage que toutes les théories fumeuses sur l’intégration. Au moment où paraît ce…

Bande originale d’«Arrête avec tes mensonges» de Philippe Besson
BANDE ORIGINALE , ROMAN / 21 janvier 2017

Philippe Besson nous raconte donc l’histoire de son premier amour. Nous sommes en 1984, l’auteur à 17 ans. Il décrit la période par touches savamment dosées, et notamment au travers de la musique. Première référence lors d’un voyage à Londres, page 45: «Je découvrirai Londres, une auberge de jeunesse à côté de la gare de Paddington, un concert de Bronski Beat, les boutiques de fripes, les harangueurs de Hyde Park, les soirs de bière, les jeux de fléchettes, quelques nuits fauves». C’est l’occasion pour Philippe Besson de nous dire comment est née son envie de bouger, «le goût pour le mouvement, l’impossibilité de tenir en place, la détestation de ce qui enracine». L’occasion aussi de citer une première fois Jean-Jacques Goldman, page 46: «aller n’importe où mais changer de paysage, ce sont les paroles d’une chanson». Jean-Jacques Goldman encore lorsque Thomas Andrieu, l’amoureux de Philippe Besson se rend chez l’auteur pour la première fois, pages 74 et 75: «Aux murs, des posters de Jean-Jacques Goldman. Il me dévisage avec un froncement de sourcils, comme pour se moquer de moi. Il affirme que c’est de la variété pour les filles Goldman. Vexé, je réponds qu’il se trompe, qu’il devrait écouter attentivement…