Ô vous, sœurs humaines, par Mélanie Chappuis, éditions Slatkine & Cie
CHRONIQUES , CRITIQUE , RECIT / 6 novembre 2017

[RENTREE AUTOMNE 2017] Mélanie Chappuis ne regarde pas. Elle voit. Et parce qu’elle voit, elle sait, elle sent, elle ressent! L’épigraphe de son roman est signée Albert Cohen, comme il se doit: «Je cherche l’amour du prochain, dites, sauriez-vous où est l’amour du prochain?» Il est dans les solidarités, les complicités et les fidélités narrées par Mélanie Chappuis. Il n’est pas dans les rivalités, les dualités ou les vanités également sondées par l’auteure. Car l’homme, et donc la femme, est ainsi fait, de grandeur d’âme et de mesquinerie, d’empathie et d’égoïsme. En désincarnant les personnages de ses textes courts, en les privant le plus souvent de prénoms, Mélanie Chappuis leur donne le don d’universalité. Qui n’a jamais saisi les légers plis au coin des yeux d’une femme voilée et donc deviné son sourire? Qui n’a jamais ressenti la bienveillance de celui ou de celle qui n’est pourtant pas du cercle des intimes? Au travers des scènes qu’elle décrit, le plus souvent puisées au quotidien d’ici et d’ailleurs, l’auteure capte l’essentiel de ce qui fait, j’ose l’écrire, notre humanité. Ô vous, sœurs humaines, par Mélanie Chappuis, éditions Slatkine & Cie, 2017, 126 pages.  

Brassens. Les jolies fleurs et les peaux de vache, par Bernard Lonjon, éditions de L’Archipel
BIOGRAPHIE , CRITIQUE , ESSAI / 5 octobre 2017

[RENTREE AUTOMNE 2017] Bernard Lonjon est l’un des plus fins connaisseurs de l’œuvre de Georges Brassens. Après J’aurais pu virer malhonnête, la jeunesse tumultueuse de Georges Brassens (éditions du Moment, 2010) et Georges Brassens. Auprès de son âme (entretien radiophonique, Textuel-INA, 2011), il nous offre ce Brassens. Les jolies fleurs et les peaux de vache. Il y est question, vous l’avez compris, des femmes qui ont jalonné la vie du poète. A commencer par les femmes de sa vie. Elles sont trois: Jeanne, la Jeanne, hôtesse et maîtresse, Patachou, la négresse blonde, et Püpchen, la blonde chenille. Ces trois-là sont les piliers, les incontournables, les fondamentales. Avec tact, Bernard Lonjon n’entre jamais dans la chambre à coucher. Mais il entre, avec précision et justesse, dans l’œuvre du poète sétois. Les femmes ont beaucoup inspiré Brassens. De ses premières amours aux femmes de ses amis, en passant par celles de la famille ou celles du métier, elles ont nourri ses chansons. Si vous en êtes resté au Brassens misogyne, cet excellent ouvrage vous dévoilera une image beaucoup plus subtile du Sétois. Bernard Lonjon relie donc en permanence les femmes de la vie de Georges Brassens à ses chansons. L’auteur aime plonger…

Mes héroïnes, des femmes qui s’engagent, par Manon Schick, éditions Favre
CRITIQUE , ESSAI / 25 avril 2017

Avec ces portraits de femmes remarquables, militantes parce qu’elles ne pouvaient pas faire autrement, Manon Schick, directrice générale d’Amnesty International Suisse, dresse un portrait des Droits de l’homme (et surtout de la femme) à travers le monde. Journaliste, avocate, enseignante, fille soldate, les onze femmes présentées dans cet ouvrage sont des militantes remarquables et pas toujours remarquées. Leila Arikarami par exemple, avocate iranienne qui a longtemps travaillé dans l’ombre de Shirin Ebadi, prix Nobel de la Paix, Ou China Keitetsi, devenue porte-parole des enfants soldats dans le monde entier après être passée par les pires expériences de guerre et de sévices. Violences domestiques, viol utilisé comme arme de guerre, tout démontre que les droits des femmes sont systématiquement bafoués et que les droits acquis ne le sont jamais définitivement. De petites victoires en avancées modestes, ces onze femmes ont un point commun, elle ne baissent jamais les bras. Même après de longs séjours en prison, elles reprennent la lutte, souvent au péril de leur vie, au prix ce l’exil ou de l’éclatement de leur famille. En s’interrogeant sur ce qui motive ces femmes exceptionnelles, Manon Schick nous parle aussi d’elle et de son engagement, des événement qui ont, de son…