L’humanité, apothéose ou apocalypse?, par Jean-Louis Servan-Schreiber, éditions Fayard
CRITIQUE , ESSAI / 4 septembre 2017

[RENTREE AUTOMNE 2017] «J’ai conçu ce livre, d’un journaliste et non d’un savant, comme un survol de ce qui se présente à l’humanité dans un moment de l’histoire où semblent culminer pour notre espèce les risques comme les opportunités.» Jean-Louis Servan-Schreiber est effectivement factuel, comme l’était encore le journalisme il y a quelques années. Il ne cède pas aux sirènes du journalisme actuel, victime du court-termisme que l’auteur dénonçait déjà en 2010 dans Trop vite! Afin de déterminer si l’humanité va (trop vite!) vers l’apothéose ou vers l’apocalypse, l’auteur passe en revue plus d’une vingtaine de thématiques, de la démographie au posthumanisme, en passant par les inégalités, la faim dans le monde, les robots, la fin du travail, le déficit de sens ou la finance. Jean-Louis Servan-Schreiber nous rappelle sans cesse qu’il y a deux manières de voir le verre: à moitié vide ou à moitié plein. Lui a tendance à le voir plutôt plein: «Bien que très loin d’une société idéale, nous sommes pourtant en train de vivre ce que l’humanité traverse de mieux depuis ses origines.» Mais point d’optimisme béat dans ces pages. Avec Djénane Kareh Tager, journaliste et amie, Jean-Louis Servan-Schreiber a mené une vingtaine d’entretiens avec…

Qu’est-ce que le populisme, par Jan-Werner Müller, Editions Premier Parallèle
CRITIQUE , ESSAI / 15 avril 2017

Qu’est-ce que le populisme? Est-il possible de le théoriser? La réponse est indiscutablement oui une fois refermé le livre de Jan-Werner Müller, enseignant en théorie politique et en histoire des idées à l’Université de Princeton. Après avoir exposé le populisme en théorie dans la première partie de son ouvrage, et en partie dans la deuxième, l’auteur se penche sur la manière qu’ont les démocrates de se confronter au populisme. Et le constat est assez sévère. La tendance est à exclure les mouvements populistes, eux-mêmes excluants en vertu de leur spécificité: leur prétention a représenter le peuple, le vrai peuple, dans sa totalité. Ne pas être en accord avec les thèses des populistes exclu de facto de ce qu’ils appellent le vrai peuple. Dans le système politique participatif, les populistes ont beau jeu de critiquer les élites qui les empêchent d’accéder à un pouvoir auquel le vrai peuple leur donnerait droit s’il était entendu. Une fois arrivés au pouvoir, les populistes prétendent être empêchés d’agir par les puissances économiques, voire des puissances occultes. La théorie du complot n’est pas très loin. Il est important de préciser que la perception et la compréhension du populisme est très différents d’un continent à l’autre….