Même s’il a abandonné son deuxième prénom, je suis suffisamment avancé en âge pour me souvenir de la signature de Narcisse-René Praz dans La Pilule, Le Libre-penseur ou Le Crétin des Alpes, publications satiriques ou libertaires des années 70 et 80. J’ai également eu entre les mains Le Petit livre vert-de-gris, pamphlet antimilitariste qui avait fait couler pas mal d’encre dès sa sortie, en 1973. C’est donc avec intérêt et curiosité que je me suis plongé dans ce volumineux Luxure et Châtiment. Et, bonne surprise, j’y ai d’abord rencontré une écriture, une patte, un souffle. Narcisse Praz répète à l’envi les filiations, les appartenances, les fonctions, rappelle plus que nécessaire les tenants et aboutissants de l’intrigue, mais réussit la gageure de n’être jamais rébarbatif. Ces répétitions, littéraires, volontaires, sont un rosaire laïque et font écho aux dix-huit mille Ave Maria de Lucie Gall, mère de Martin Gall (il fallait oser comme il fallait, entre autres, oser appeler le psychiatre et psychanalyste de l’affaire Sigmund Lajoie), prêtre abuseur du juvénat de Beaulieu, en ville de Fribourg, établissement appartenant aux pères missionnaires de la congrégation de saint François d’Alès. Narcisse Praz nous raconte l’histoire de Théo Sornioz, garçon d’alpage valaisan, dont l’hypothétique…
Un nouveau roman de Christian Laborde en librairie, c’est la promesse d’une langue qui vous chuchote ou qui vous gueule à l’oreille. Avec Tina, elle chuchote. Elle chuchote dans la chambre où Léontine se donne à cet officier allemand. Elle chuchote dans ce train de marchandises qui conduit Tine à Toulouse pour échapper aux résistants. Elle chuchote dans ce couvent où elle est accueillie. Elle chuchote dans les bras de Viktor, son amant, son poète pour qui elle devient Tina à la lame du couteau. Pas d’histoire compliquée avec ce court roman. Tina, c’est un conte. Un conte en boucle, qui commence où il finit et se termine où il débute. Un conte qui swingue comme la pluie sur les tuiles roses des toits, comme le répertoire de Renato Hiès, comme la voix de Lola Tapioka lorsqu’elle chante Some of this days. C’est le soleil et c’est la lune, c’est la pluie et c’est le vent qui tous prennent soin de Tina et de sa tignasse. Car oui, les héros de ce roman à l’éros affleurant, ce sont les cheveux de Léontine, la mèche de Tine qui lui fend le visage, «cette mèche, cette flamme qui, sur ce visage sublime,…