Un jour en ville, par Daniel Tschumy, Bernard Campiche éditeur
CRITIQUE , ROMAN / 21 décembre 2017

Un jour en ville est un beau roman d’amitié et de mémoire. Loïc, le narrateur, sort de l’hôpital où il a déjeuné avec Robin, son ami d’adolescence dont les cheveux ont désormais blanchi. Robin s’exprime avec difficulté et Loïc le trouve affaibli malgré la présence de ses filles qui lui apporte un peu de sérénité. Après sa visite, Loïc ne rentre pas immédiatement chez lui. Il a négocié ce bel après-midi d’automne avec sa femme. Parti de la station Fourmi du métro lausannois, Loïc va arpenter trente-cinq années de sa vie, passées avec ou sans Robin, à travers les rues de Lausanne, la ville étant sans conteste le personnage central de ce premier roman. Il y a l’itinéraire parcouru, jalonné de souvenirs, mais aussi ceux de la mémoire, ceux sur lesquels Robin a initié Loïc à la course à pied. Vingt années durant, ils ont rituellement couru ensemble, deux fois par semaine, jusqu’à ce que la maladie rattrape Robin, obligeant Loïc à mener le train. A l’époque, les deux amis se comparent à leurs idoles, Sebastian Coe et Steve Ovett dont la rivalité marque les Jeux Olympiques de Moscou, en 1980, et de Los Angles quatre ans plus tard. «Who…

Etre ici est une splendeur – Vie de Paula M. Becker, par Marie Darrieussecq, P.O.L. éditeur
BIOGRAPHIE , CRITIQUE , ESSAI / 20 décembre 2017

Un geste amoureux. Ainsi Marie Darrieussecq définit-elle l’écriture de cette biographie, rédigée alors qu’avec Julia Garimorth  et Fabrice Hergott, elle préparait l’exposition Paula Modersohn-Becker au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris programmée d’avril à août 2016, «un printemps et un été pour Paula, cent dix ans après son dernier séjour parisien. Ecrire, montrer, c’était pour moi le même geste amoureux.» Au-delà de ce geste amoureux, il existe une large communauté d’intérêts entre Paula M. Becker et Marie Darrieussecq. La vie de la première est jalonnée des thèmes chers à l’œuvre romanesque de la seconde. A commencer par la tension entre conjugalité et liberté. Mariée au peintre Otto Modersohn, Paula s’émancipe de la peinture traditionnelle pratiquée par son mari en cherchant et en innovant sans cesse. Si elle aime son mari, que lui l’aime en retour, elle ne rêve que de s’échapper de ce mariage. Une tension qui se fait aussi géographique. De son village de Worpswede, près de Brême, au nord de l’Allemagne, Paula M. Becker n’aspire qu’à rejoindre Paris, ce qu’elle fera, la première fois le 1er janvier 1900. Dans le monde si masculin de la peinture du début du 20è siècle, le parcours de Paula M….