Les jours s’en vont comme des chevaux sauvages dans les collines, par Charles Bukowski, Editions Points

11 février 2017

Le 9 mars, il y aura 23 ans que Charles Bukowski nous a quittés. Tout le monde se souvient de son passage dans l’émission Apostrophe, le 22 septembre 1978, une émission mouvementée sur laquelle les versions divergent mais qui ont fait de l’Américain un écrivain-culte. L’un de ces écrivains dont on parle beaucoup, mais qu’on lit de moins en moins. Ses romans et nouvelles ont pourtant inspiré de nombreux réalisateurs. Les éditions Points publiaient en 2011 Les jours s’en vont comme des chevaux sauvages dans les collines, un recueil d’une petite centaine de poèmes qui retracent essentiellement les premières années d’écriture de l’auteur. Le recueil est dédié à Jane, sa compagne, rencontrée alors qu’il avait 26 ans, alcoolique et avec qui il vivra une vie mouvementée durant une dizaine d’années. C’est l’époque où Bukowski n’a pas encore été publié, qu’il s’engage à la poste pour survivre et où il découvre les courses hippiques, l’autre grande passion de sa vie.

Les poèmes de ce recueil qui évoquent Jane sont splendides de profondeur et de désespérance. D’amour aussi. Se promener dans les poèmes de Bukowski, c’est accepter de descendre dans les profondeurs les plus noires, celles de la vie de bohème, d’alcool, de sexe triste, de prostituées, des derniers dollars misés sur un canasson. La traduction de Thierry Beauchamp restitue à la perfection ce monde de paumés, d’oubliés de la société, de marginaux et de crèves-la-faim. Certains poèmes ressemblent davantage à des évocations qu’à des pensées construites, une forme d’impressionnisme déglingué appliqué à la littérature. Mais Bukowski est capable d’incroyables fulgurances, d’images d’une beauté saisissante. La traduction française ne restitue probablement pas la forme du texte original, mais elle en restitue l’essence, l’ADN. Des poèmes à lire ou à relire en cette époque où les oubliés de la société sont de plus en plus nombreux, les originaux poussés vers la marge et les audacieux remis au pas.

Les jours s’en vont comme des chevaux sauvages dans les collines, par Charles Bukowski, éditions Points, 212 pages

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