«Il est très facile de devenir des hommes sans femmes. On a juste besoin d’aimer profondément une femme et que celle-ci disparaisse ensuite.» C’est, en résumé, la matière première qui compose les sept nouvelles de ce recueil. Mais il y a beaucoup plus que cela bien sûr, nous sommes chez Murakami. A commencer par l’exploration systématique des pensées, des sensations et des émotions des personnages. Les émotions en particulier que les hommes, trop souvent, ne montrent pas, se cachent à eux-mêmes et qui, du coup, anéantissent toute perspective de bonheur ou de félicité. Murakami décrit comme personne la force du sentiment amoureux, cette exaltation qui, conjuguée à une trop forte interrogation existentielle, peut conduire à la mort. L’auteur ausculte également avec minutie les rapports ténus qu’entretiennent amour et sexe. Quelle est la part de mensonge dans les rapports humains en général et au sein du couple en particulier ? Haruki Murakami a une idée très arrêtée sur la question ! Hors le sujet éminemment passionnant de ces sept nouvelles, on retrouve dans ce volume tous les ingrédients qui font le charme irrésistible de l’auteur. Un style en premier lieu, cette manière d’agencer les phrases qui prend le lecteur par la main pour ne plus le lâcher (mention d’excellence à la traduction de Hélène Morita). Un climat ensuite, posé en quelques phrases (la nouvelle intitulée Samsa amoureux est un chef d’œuvre de ce point de vue). La musique, toujours très importante chez Murakami, le jazz en particulier, ne manque pas à l’appel. Et l’auteur n’a bien sûr pas pu s’empêcher de nous glisser un coureur de fond (contrarié celui-là) et une allusion à la crainte du tremblement de terre. Un excellent millésime.
Des hommes sans femmes, par Haruki Murakami, traduction de Hélène Morita, Editions Belfond, 294 pages
Pas de commentaire
Les commentaires sont fermés.