200 mètres nage libre, par Pauline Desnuelles, éditions Emmanuelle Collas

7 juin 2018

Liam est irlandais. C’est au Cap-Vert qu’il a choisi de se réfugier pour soigner un chagrin d’amour et pour donner libre cours à sa passion, le kitesurf.

Autour du caisson dans lequel est rangé le matériel nécessaire aux cours donnés sur la plage, José s’affaire à préparer les voiles et Tina accueille les enfants venus apprendre à nager. Paradoxalement, la plupart des îliens ne savent pas nager et l’altruiste Irlandais s’est donné pour mission d’initier les plus jeunes, de leur apprendre à dompter la peur de cet océan pourtant nourricier.

Elea, ravissante adolescente, presque femme déjà, est devenue une nageuse aguerrie. Mais le jours de la compétition organisée par Liam et sa bande, elle manque à l’appel. Très vite, l’inquiétude fait place au doute. Elea s’est-elle noyée? Les autochtones ne regardent plus Liam de la même manière. Et si les reproches ne sont pas directement formulés, les coups mettent les points sur les i.

Dans ce court roman, Pauline Desnuelles organise sa narration en touches nuancées. La langue est technique lorsqu’il s’agit de nous faire comprendre le kitesurf, elle devient empathique pour dire le Cap-Vert, sa beauté et sa misère, elle se fait langoureuse lorsque Liam cède aux charmes de la très indépendante Esther. Une écriture en creux qui pousse le lecteur dans ses retranchements, l’obligeant à prendre sa part de risques, à combler les vides.

Pourtant, le Cap-Vert aurait mérité quelques pages supplémentaires. Pages qui auraient conduit le lecteur dans le moiteur des rues de Mindelo ou les ruelles de Salamansa. De même, les personnages secondaires attisent une curiosité qui n’est pas toujours satisfaite. Pourquoi Tina est-elle longuement privée de son enfant pour pouvoir travailler avec Liam? Quelle est la vie de José lorsqu’il quitte la plage? Comment Marc, le véliplanchiste belge, est-il arrivé au Cap-Vert?

Hors ces quelques regrets, on aime le roman de Pauline Desnuelles. Pour sa langue et son écriture impressionniste. Pour son rythme, tantôt morna, tantôt rap. Pour son amour évident du Cap-Vert et de ses habitants.

200 mètres nage libre, par Pauline Desnuelles, éditions Emmanuelle Collas, 2018, 146 pages

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