De si rudes tendresses, par Tomaso Solari, éditions Encre Fraiche
CRITIQUE , EROTIQUE , NOUVELLES / 26 septembre 2017

Quatorze nouvelles habitées par deux thèmes récurrents: les secrets de famille et le pouvoir du désir. L’inspiration de Tomaso Solari est vive et ses nouvelles nous font voyager de l’Espagne au Portugal, de la Colombie à Genève. On sent chez l’auteur une forte tendance à l’empathie, un intérêt marqué pour les vies cabossées, la résilience. Le titre du recueil, De si rudes tendresses, dit bien la difficulté pour les hommes – et pour le Emiliano de la nouvelle intitulée EMS en particulier – d’exprimer leurs sentiments les plus profonds. La honte, la peur du jugement d’autrui sont parfois des obstacles insurmontables. Le désir, lui, est difficile à contourner et donne à certaines nouvelles une teinte érotique plaisante. Il y a de belles réussites dans ces quatorze nouvelles. Quelques naïvetés d’écriture aussi à l’occasion qui font trébucher d’autres histoires pourtant fort bien construites. L’auteur a cependant sa personnalité, elle sait interpeller le lecteur. C’est donc avec intérêt que nous suivrons ses prochaines publications. Parce que l’intelligence du cœur finit toujours par gagner. De si rudes tendresses, par Tomaso Solari, éditions Encre Fraîche, 2017, 196 pages.

Le vertige des falaises, par Gilles Paris, éditions Plon
CRITIQUE , ROMAN / 24 juillet 2017

Avec Le vertiges des falaises, Gilles Paris nous offre un roman impressionniste, peint touche par touche, voix après voix. Car il s’agit bien d’un roman choral. Et ce sont essentiellement les voix de femmes qui se font entendre, en particulier celles qui habitent Glass, la maison de verre et d’acier bâtie sur l’Ile par Aristide, architecte hors norme et grand-père de Marnie. Marnie  a quatorze ans, Marnie a cent ans. Elle sait des choses, parce qu’elle écroute aux portes et observe par le trou des serrures de cette maison tellement grande qu’elle en ignore le nombre de pièces. Celle que l’on surnomme la bâtarde connaît donc tous les secrets de Glass. Elle sait qu’Aristide bat Olivia, sa grand-mère qui règne sur l’Ile avec prestance, dignité et fermeté. Car il faut éviter les scandales, à coup de chèques si nécessaire. Scandales provoqués par Luc, son fils, le père de Marnie, joueur invétéré, coureur de jupons et amateur de bolides. Victime de la violence extrême de son mari, Olivia est une solitaire dont le secret n’est connu, croit-elle que de Prudence, la gouvernante, Côme, son confesseur, et Géraud, le médecin qu’elle connaît depuis l’enfance et dont elle a toujours repoussé les timides…