Etrange impression que celle laissée par le C’est quelque chose de Fabienne Radi. C’est indiscutablement le livre d’un écrivain: une écriture, une voix, un souffle, un rythme. L’histoire, relativement banale, nous renvoie à la culture des années 70. En voyage professionnel de longue durée à Oslo, un couple loue sa maison, située en lisière de forêt, à un groupe de jeunes Suédois qui y ramènent de nombreuses conquêtes féminines (la chose aura son importance). En courts chapitres, Fabienne Radi parvient à nous faire sentir l’atmosphère de l’époque et du lieu. Son écriture, très factuelle, fait pourtant surgir des odeurs, des émotions, des matières. Très réussie aussi la narration parallèle, impressionniste, des notes en bas de page. Il reste pourtant un goût d’inachevé en refermant ce court roman, une suspension. Le lecteur reste sur une tension. Et il se dit, ce lecteur, que c’est effectivement quelque chose, quelque chose de pas négligeable, mais il ne sait pas très bien quoi. C’est quelque chose, par Fabienne Radi, éditions d’autre part, 2017, 90 pages. Prix littéraire chênois 2016. Enregistrer
Simon Johannin n’a que vingt-trois ans. Avec L’été des charognes, il signe un premier roman coup de poing qui laisse le lecteur ko. Tout commence par une scène de lapidation d’un chien. L’été des charognes porte bien son nom et les cadavres de chiens, de chats, de poules, de moutons et autres chevaux ne manquent pas. Il ne faut pas avoir mangé trop gras ou trop lourd avant d’attaquer la lecture de ce roman fulgurant. Le narrateur est un môme qui grandit dans un hameau du Tarn. Pas d’Internet et pas de portable, on s’occupe en se jetant des cailloux à la gueule ou en déterrant des os de cadavres d’animaux. On apprend aussi à boire très vite, et beaucoup. Au hameau, ce sont les mômes qui conduisent les voitures quand leurs parents sont trop bourrés pour le faire A la campagne, la vie est dure, la communication minimalistes et les roustes et les mandales font office d’éducation. Pas de misérabilisme ni de pleurnicherie pourtant dans l’écriture ciselée de Simon Johannin. Les cent quarante pages menées avec brio nous font passer de la prime enfance à l’école. Là, les mômes du hameau sont confrontés à ceux des gros villages de…
Belle plongée dans une enfance rurale et proche de la nature. Dans une langue magnifique, Pierre Voélin livre un portrait impressionniste et saisissant. Le lecteur s’imprègne de senteurs, de couleurs, d’humidité et de vent. A la limite entre enfance éperdue et enfance perdue – la vie à la campagne exige de grandir vite – ce beau livre flirte avec les époques. Est-il d’aujourd’hui, d’hier ou d’avant-hier? Peu importe, tout prend ici une dimension universelle et s’adresse à la part d’enfance qui subsiste en chacun de nous. De l’enfance éperdue, par Pierre Voélin, éditions Fata Morgana, 2017, 88 pages