Je profite de la sortie en poche de cet excellent roman pour vous en reproposer la critique. Djibouti nous raconte la dernière nuit du lieutenant Markus, affecté à Djibouti depuis six mois. Ces dernières heures sont l’occasion pour le militaire de se remémorer les principaux épisodes de son séjour, mais aussi de vivre ses dernières heures dans cette ville de tous les extrêmes. Six courts chapitres qui permettent d’explorer les dérives de l’âme humaine, les faiblesses des solitaires et des amoureux, la singularité de l’amour. Mais le personnage principal de ce beau livre est sans aucun doute la ville de Djibouti. Chaleur, sécheresse, obscurité sont les ingrédients du climat qu’installe l’auteur. L’obscurité surtout. Il fait sombre, il fait noir, et lorsque la lumière des enseignes des bars brillent trop fort, les soldats jouent «Le jeu», celui ou l’on se bat les yeux bandés, sans savoir ou est l’adversaire ni d’où vont venir les coups, la vie en quelque sorte. Pierre Deram touche avec une justesse cruelle à nos écorchures, nos failles, nos faiblesses. Mais il montre aussi ce qui fait la beauté insoutenable du désespoir, ce qui raccroche, in extremis, à la vie, ou à ce qui y ressemble. Thérèse,…
Il faut avoir beaucoup vécu, beaucoup souffert et, surtout, beaucoup aimé pour écrire un roman de cette trempe. La Nuit je mens est un roman d’amour, ou plutôt un roman d’amours. A commencer par l’amour inconditionnel, obsédant, total, celui de Mathilde pour Guillaume. Un premier amour à sens unique ou presque, une histoire qui n’est pas à l’eau de rose, mais qui relève plutôt de l’au-delà! Car Guillaume s’est donné la mort. Mais il continue de hanter la vie de Mathilde qui, dans l’intervalle, a rencontré Gaspard. Amour ou désamour fraternel ensuite. Mathilde et Constance sont jumelles, mais tout les oppose. Et lorsqu’il s’intéressera à Mathilde, Gaspard croira avoir affaire à Constance… Mais les jumelles se détestent et il faudra l’intervention de la mère de Gaspard pour qu’elles se rapprochent. Amour filial enfin. Cathy Galliègue décrit avec une grande finesse les rapports de Mathilde avec ses parents, ceux de Gaspard avec les siens et même, en passant, ceux qui n’unissent pas Guillaume à son père. «Un amour jusqu’au frontière de la folie» nous dit la quatrième de couverture. Pas si sûr! Car qu’est-ce que la folie? «La normalité ne serait-elle finalement qu’un compromis?» interroge fort justement Cathy Galliègue. Mathilde ne…