Je profite de la sortie en poche de cet excellent roman pour vous en reproposer la critique. Djibouti nous raconte la dernière nuit du lieutenant Markus, affecté à Djibouti depuis six mois. Ces dernières heures sont l’occasion pour le militaire de se remémorer les principaux épisodes de son séjour, mais aussi de vivre ses dernières heures dans cette ville de tous les extrêmes. Six courts chapitres qui permettent d’explorer les dérives de l’âme humaine, les faiblesses des solitaires et des amoureux, la singularité de l’amour. Mais le personnage principal de ce beau livre est sans aucun doute la ville de Djibouti. Chaleur, sécheresse, obscurité sont les ingrédients du climat qu’installe l’auteur. L’obscurité surtout. Il fait sombre, il fait noir, et lorsque la lumière des enseignes des bars brillent trop fort, les soldats jouent «Le jeu», celui ou l’on se bat les yeux bandés, sans savoir ou est l’adversaire ni d’où vont venir les coups, la vie en quelque sorte. Pierre Deram touche avec une justesse cruelle à nos écorchures, nos failles, nos faiblesses. Mais il montre aussi ce qui fait la beauté insoutenable du désespoir, ce qui raccroche, in extremis, à la vie, ou à ce qui y ressemble. Thérèse,…
Au début du roman (dont vous pouvez lire la critique ici), Markus se retrouve dans un taxi avec son capitaine et Maronsol, dont il dresse le portrait suivant, page 20: «Chanteur préfér: Johnny Hallyday. Inconditionnel. Il n’y avait qu’au karaoké qu’il s’épanouissait tout entier, déchaîné, hors de lui. Tout le répertoire y passait. Parfois, pendant les manœuvres, on le voyait sortir d’un trou de bombe, les poignets collés au dessus de la tête en gueulant de toutes ses forces : Dix ans/ de chaînes/ sans voir/ le jour C’était/ ma peine/ forçat de l’aaamour J’ai refusé/ MOURIR D’AMOUR ENCHAÎNEEEEEE. C’était aussi un bon imitateur de Bourvil. C’est mon véo, c’est mon vélo, à deux cents mètres à la ronde pendant les marches de nuit.» Quelques pages plus loin, page 36, c’est une chanson de militaires créée dans les années 30 que chantent les militaires de Djibouti dans un bistrot: «Un chant monta lentement puis de plus en plus fort et il n’y eut pas un homme dans la salle qui n’entonnât le refrain. Opium! Poison de rêve Fumée qui monte au ciel C’est toi qui nous élèves Au paradis artificiel»
Djibouti nous raconte la dernière nuit du lieutenant Markus, affecté à Djibouti depuis six mois. Ces dernières heures sont l’occasion pour le militaire de se remémorer les principaux épisodes de son séjour, mais aussi de vivre ses dernières heures dans cette ville de tous les extrêmes. Six courts chapitres qui permettent d’explorer les dérives de l’âme humaine, les faiblesses des solitaires et des amoureux, la singularité de l’amour. Mais le personnage principal de ce beau livre est sans aucun doute la ville de Djibouti. Chaleur, sécheresse, obscurité sont les ingrédients du climat qu’installe l’auteur. L’obscurité surtout. Il fait sombre, il fait noir, et lorsque la lumière des enseignes des bars brillent trop fort, les soldats jouent « Le jeu », celui ou l’on se bat les yeux bandés, sans savoir ou est l’adversaire ni d’où vont venir les coups, la vie en quelque sorte. Pierre Deram touche avec une justesse cruelle à nos écorchures, nos failles, nos faiblesses. Mais il montre aussi ce qui fait la beauté insoutenable du désespoir, ce qui raccroche, in extremis, à la vie, ou à ce qui y ressemble. Thérèse, femme de colonel, pleure seule dans un bar. Elle pleure Snoopy, son chien, tué par un serpent….