«Arrête avec tes mensonges», par Philippe Besson, éditions 10/18
CRITIQUE , ROMAN / 4 janvier 2018

A l’occasion de la sortie en poche du magnifique roman de Philippe Besson, je vous en repropose la critique. «Arrête avec tes mensonges». La mère de Philippe Besson disait «mensonges» plutôt qu’«histoires». Philippe Besson a en effet la capacité de forger des histoires qui savent nous séduire, roman après roman. Mais s’il est effectivement écrit «Roman» sur la page de garde d’«Arrête avec tes mensonges», c’est bien d’un récit dont il s’agit ici, un récit autobiographique. 1984, Philippe Besson a dix-sept ans. Bon élève, il est aussi souvent moqué par ses camarades en raison de son allure, de ses vêtements, de ses manières. C’est le temps également où il prend pleinement conscience de son orientation sexuelle. Pas si simple dans un petit village de Charente. C’est encore moins simple pour Thomas Andrieu, à qui le livre est dédié, fils de paysan appelé à reprendre l’exploitation familiale. C’est l’histoire d’un premier amour que nous raconte avec brio Philippe Besson, un grand amour qui couve sous le désir adolescent. Au sein de cette paire, qui ne peut pas être un couple, qui ne peut pas se vivre au grand jour, c’est Thomas qui fixe les règles: ne jamais se montrer, ne jamais…

Bande originale d’«Arrête avec tes mensonges» de Philippe Besson
BANDE ORIGINALE , ROMAN / 21 janvier 2017

Philippe Besson nous raconte donc l’histoire de son premier amour. Nous sommes en 1984, l’auteur à 17 ans. Il décrit la période par touches savamment dosées, et notamment au travers de la musique. Première référence lors d’un voyage à Londres, page 45: «Je découvrirai Londres, une auberge de jeunesse à côté de la gare de Paddington, un concert de Bronski Beat, les boutiques de fripes, les harangueurs de Hyde Park, les soirs de bière, les jeux de fléchettes, quelques nuits fauves». C’est l’occasion pour Philippe Besson de nous dire comment est née son envie de bouger, «le goût pour le mouvement, l’impossibilité de tenir en place, la détestation de ce qui enracine». L’occasion aussi de citer une première fois Jean-Jacques Goldman, page 46: «aller n’importe où mais changer de paysage, ce sont les paroles d’une chanson». Jean-Jacques Goldman encore lorsque Thomas Andrieu, l’amoureux de Philippe Besson se rend chez l’auteur pour la première fois, pages 74 et 75: «Aux murs, des posters de Jean-Jacques Goldman. Il me dévisage avec un froncement de sourcils, comme pour se moquer de moi. Il affirme que c’est de la variété pour les filles Goldman. Vexé, je réponds qu’il se trompe, qu’il devrait écouter attentivement…

«Arrête avec tes mensonges», par Philippe Besson, Editions Julliard
AUTOBIOGRAPHIE , CRITIQUE , ROMAN / 20 janvier 2017

«Arrête avec tes mensonges». La mère de Philippe Besson disait «mensonges» plutôt qu’«histoires». Philippe Besson a en effet la capacité de forger des histoires qui savent nous séduire, roman après roman. Mais s’il est effectivement écrit «Roman» sur la page de garde d’«Arrête avec tes mensonges», c’est bien d’un récit dont il s’agit ici, un récit autobiographique. 1984, Philippe Besson a dix-sept ans. Bon élève, il est aussi souvent moqué par ses camarades en raison de son allure, de ses vêtements, de ses manières. C’est le temps également où il prend pleinement conscience de son orientation sexuelle. Pas si simple dans un petit village de Charente. C’est encore moins simple pour Thomas Andrieu, à qui le livre est dédié, fils de paysan appelé à reprendre l’exploitation familiale. C’est l’histoire d’un premier amour que nous raconte avec brio Philippe Besson, un grand amour qui couve sous le désir adolescent. Au sein de cette paire, qui ne peut pas être un couple, qui ne peut pas se vivre au grand jour, c’est Thomas qui fixe les règles: ne jamais se montrer, ne jamais en parler, à personne! Avec des mots parfois crus, Philippe Besson expose pourtant avec beaucoup de finesse l’apprentissage du…