Même s’il a abandonné son deuxième prénom, je suis suffisamment avancé en âge pour me souvenir de la signature de Narcisse-René Praz dans La Pilule, Le Libre-penseur ou Le Crétin des Alpes, publications satiriques ou libertaires des années 70 et 80. J’ai également eu entre les mains Le Petit livre vert-de-gris, pamphlet antimilitariste qui avait fait couler pas mal d’encre dès sa sortie, en 1973. C’est donc avec intérêt et curiosité que je me suis plongé dans ce volumineux Luxure et Châtiment. Et, bonne surprise, j’y ai d’abord rencontré une écriture, une patte, un souffle. Narcisse Praz répète à l’envi les filiations, les appartenances, les fonctions, rappelle plus que nécessaire les tenants et aboutissants de l’intrigue, mais réussit la gageure de n’être jamais rébarbatif. Ces répétitions, littéraires, volontaires, sont un rosaire laïque et font écho aux dix-huit mille Ave Maria de Lucie Gall, mère de Martin Gall (il fallait oser comme il fallait, entre autres, oser appeler le psychiatre et psychanalyste de l’affaire Sigmund Lajoie), prêtre abuseur du juvénat de Beaulieu, en ville de Fribourg, établissement appartenant aux pères missionnaires de la congrégation de saint François d’Alès. Narcisse Praz nous raconte l’histoire de Théo Sornioz, garçon d’alpage valaisan, dont l’hypothétique…