Ô vous, sœurs humaines, par Mélanie Chappuis, éditions Slatkine & Cie
CHRONIQUES , CRITIQUE , RECIT / 6 novembre 2017

[RENTREE AUTOMNE 2017] Mélanie Chappuis ne regarde pas. Elle voit. Et parce qu’elle voit, elle sait, elle sent, elle ressent! L’épigraphe de son roman est signée Albert Cohen, comme il se doit: «Je cherche l’amour du prochain, dites, sauriez-vous où est l’amour du prochain?» Il est dans les solidarités, les complicités et les fidélités narrées par Mélanie Chappuis. Il n’est pas dans les rivalités, les dualités ou les vanités également sondées par l’auteure. Car l’homme, et donc la femme, est ainsi fait, de grandeur d’âme et de mesquinerie, d’empathie et d’égoïsme. En désincarnant les personnages de ses textes courts, en les privant le plus souvent de prénoms, Mélanie Chappuis leur donne le don d’universalité. Qui n’a jamais saisi les légers plis au coin des yeux d’une femme voilée et donc deviné son sourire? Qui n’a jamais ressenti la bienveillance de celui ou de celle qui n’est pourtant pas du cercle des intimes? Au travers des scènes qu’elle décrit, le plus souvent puisées au quotidien d’ici et d’ailleurs, l’auteure capte l’essentiel de ce qui fait, j’ose l’écrire, notre humanité. Ô vous, sœurs humaines, par Mélanie Chappuis, éditions Slatkine & Cie, 2017, 126 pages.  

L’humanité, apothéose ou apocalypse?, par Jean-Louis Servan-Schreiber, éditions Fayard
CRITIQUE , ESSAI / 4 septembre 2017

[RENTREE AUTOMNE 2017] «J’ai conçu ce livre, d’un journaliste et non d’un savant, comme un survol de ce qui se présente à l’humanité dans un moment de l’histoire où semblent culminer pour notre espèce les risques comme les opportunités.» Jean-Louis Servan-Schreiber est effectivement factuel, comme l’était encore le journalisme il y a quelques années. Il ne cède pas aux sirènes du journalisme actuel, victime du court-termisme que l’auteur dénonçait déjà en 2010 dans Trop vite! Afin de déterminer si l’humanité va (trop vite!) vers l’apothéose ou vers l’apocalypse, l’auteur passe en revue plus d’une vingtaine de thématiques, de la démographie au posthumanisme, en passant par les inégalités, la faim dans le monde, les robots, la fin du travail, le déficit de sens ou la finance. Jean-Louis Servan-Schreiber nous rappelle sans cesse qu’il y a deux manières de voir le verre: à moitié vide ou à moitié plein. Lui a tendance à le voir plutôt plein: «Bien que très loin d’une société idéale, nous sommes pourtant en train de vivre ce que l’humanité traverse de mieux depuis ses origines.» Mais point d’optimisme béat dans ces pages. Avec Djénane Kareh Tager, journaliste et amie, Jean-Louis Servan-Schreiber a mené une vingtaine d’entretiens avec…