37, étoiles filantes, par Jérôme Attal, éditions Robert Laffont
CRITIQUE , ROMAN / 16 août 2018

[RENTREE AUTOMNE 2018] 1937. Alberto Giacometti est profondément blessé par une phrase de Jean-Paul Sartre, jeune philosophe en passe de publier son premier roman. Cette phrase lui a été répétée par Isabel, son amoureuse avec qui il s’apprête à rompre au moment ou une voiture américaine, conduite par une Américaine, lui fonce dessus. «Il lui est ENFIN arrivé quelque chose» commente Sartre. Furieux, Giacometti décide de casser la gueule à l’écrivain. Tout le très beau roman de Jérôme Attal s’articule autour de ce désir de vengeance. Le sculpteur piste Sartre, le manque sans cesse, mais rencontre des femmes. Séducteur dans l’âme, Giacometti courtise les infirmière de l’hôpital, en particulier celle qui ressemble à Bianca rencontrée à Maloja lors de vacances d’été. Elle avait seize ans. Et puis il y a Julia, que Giacometti sauve de la bastonnade administrée par un groupe de nazillons. La belle et mystérieuse Julia, toujours en instance de départ pour l’Amérique. A partir du désir de vengeance de Giacometti, Jérôme Attal trace une image précise, fine et perspicace du Paris de la fin des années trente. Il jette sa lumière sur un Giacometti très créatif, mais pas encore reconnu, soutenu par son frère Diego. Le jeune…

Mai 67, par Colombe Schneck, éditions Robert Laffont
CRITIQUE , ROMAN / 24 décembre 2017

Colombe Schneck se glisse dans la peau d’un garçon qui a trente-et-un ans lorsque Brigitte Bardot décide d’en faire son amant. A trente-deux ans, la star est une icône planétaire. Elle tourne, avec Alain Delon, l’un des sketches de l’adaptation des Histoires extraordinaires d’Edgar Alan Poe. Nous sommes en mai 67, à l’orée d’un été qui sera, plus tard, baptisé The Summer of Love. F., né à Oujda, au Maroc, est assistant costumier sur le film. Trente ans après les faits, il découvre que les deux mois passés avec la plus belle femme du monde tiennent en une phrase dans son autobiographie: «F., qui m’a consolée de mon mariage de pacotille.» Avec ce roman, Colombe Schneck imagine une impossible histoire d’amour (impossible, vraiment?) et décrit avec justesse et sensibilité une époque qui va ouvrir tous les possibles. Bardot en est l’une des pionnières. Prisonnière de son image, traquée par la presse, fourvoyée dans un mariage bancal, l’actrice ne supporte pourtant pas la solitude. «Comment peut-on aimer quand le monde entier vous désire?» interroge la quatrième de couverture. Habile manière de détourner l’attention de l’incessant questionnement qui hante Colombe Schneck, même si ce roman figure, en apparence, en marge du reste…

La dernière des Stanfield, par Marc Levy, éditions Robert Laffont et Versilio
CRITIQUE , ROMAN / 1 septembre 2017

Que sait-on de la vie de nos parents avant notre naissance? Pas grand chose en dehors de ce qu’ils ont bien voulu nous raconter. Mais lorsqu’ils prennent quelques arrangements avec la vérité ou décident tout simplement de ne rien dire, les choses se compliquent. Lorsque vous vous prénommez Eleanor-Rigby et que vos frères et sœur ont pour prénom Maggie et Michel, vous savez en tout cas que vos parents sont des fans des Beatles. Eleanor-Ribby est au centre de ce roman savamment construit. Avec La dernières des Stanfield, Marc Levy démontre une fois de plus son talent de conteur. Tout commence par une lettre anonyme adressée à Eleanor-Rigby à propos d’un trésor qu’aurait caché sa mère, récemment disparue. Décidée, contre l’avis de sa famille, à suivre la piste du corbeau, Eleanor-Rigby quitte Londres pour Baltimore où elle va faire la connaissance d’un homme prénommé George-Harrison. Lui aussi a reçu une mystérieuse lettre et cherche à savoir qui est son père. Les voilà tous deux sur la piste des Stanfield, riche famille de Baltimore dont l’un des ancêtres a été le fondateur. La quête d’Eleanor-Rigby et de George-Harrison va les faire voyager dans le temps et dans l’espace, des résistants de…