«On dit des choses solides, lorsqu’on ne cherche pas à en dire d’extraordinaires.» La phrase d’Isidore Ducasse s’applique parfaitement à ce bel album de Catherine Meurisse, dessinatrice qui a échappé au massacre de Charlie Hebdo grâce à une panne de réveil. Comment se remet-on d’un tel traumatisme? Comment accepter, comprendre, intégrer la disparition de tous ces collègues, de tous ces amis? Catherine Meurisse raconte brièvement son entrée à Charlie Hebdo, dix ans avant l’horreur, sa soirée du 6 janvier et son arrivée tardive du 7. Elle narre beaucoup plus longuement, et c’est tout l’intérêt de l’album, ce qui s’est passé après: la dévastation, la dissociation, la perte des souvenirs, la protection rapprochée, la solitude et l’impossibilité d’être seule. Comment s’en sortir, comment continuer à vivre? Le syndrome de Stendhal semble être la seule planche de salut. Ce syndrome est une maladie psychosomatique qui provoque des accélérations du rythme cardiaque, des vertiges, des suffocations, voire des hallucinations chez certains individus exposés à une surcharge d’œuvres d’art, et donc à une surcharge de beauté. Dans son album autobiographique, Catherine Meurisse raconte sa résidence à la Villa Médicis où elle espère se confronter à cette surcharge de beauté. Mais dans un premier temps,…