Oui, il existe un Championnat du Monde de Sauna. Du moins a-t-il existé jusqu’en 2010. Joseph Incardona s’empare du sujet pour Chaleur, un roman qui n’a de léger que l’apparence.

Niko Tanner, star du porno vieillissante, est le vainqueur des trois dernières éditions du Championnat. Igor Azarov, ancien militaire russe, est son éternel challenger. Le roman emmène le lecteur dans un sauna chauffé à blanc, 110 degrés, des qualifications auxquelles prennent part 102 concurrents, à la finale, qui se joue à cinq, dont Igor et Niko naturellement.

Niko et Igor sont tous les deux à la fin d’un cycle et pressentent que ce Championnat du Monde sera le dernier. Niko enfreint le règlement en buvant de la vodka et en sniffant de la coke. Autant d’obstacles à sa préparation qu’il sacrifie à la douceur des bras et des cuisses de la jeune et belle Loviisa. Igor, lui aussi, bafoue le règlement, mais pour d’autres raisons et au moment où sa fille Alexandra, qu’il na pas vue depuis quinze ans, débarque à Heinola pour suivre la compétition.

Chaleur est le roman de toutes les solitudes. Solitudes qui se côtoient, qui s’affrontent. Celle de Niko contre celle d’Igor. Celle de Loviina à côté de Niko. Celle d’Alexandra, loin d’Igor. Des solitudes que certains cherchent par tous les moyens à combattre en connaissant le fameux quart d’heure de gloire promis par Andy Warhol. Qui en devenant Champion du Monde de Sauna, qui en tournant des films X. Cynique et désabusé, ce roman dresse, dans une langue sèche et affûtée, un constat accablant de l’état de la société du spectacle. Dans la veine d’un Michel Houellebecq, Joseph Incardona étonne et dérange. En fouillant avec talent la psychologie de ses deux personnages principaux, il livre un roman parfaitement maîtrisé et qui fait rire. Jaune.

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Chaleur, par Joseph Incardona, Editions Finitude, 160 pages

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