Vernon Subutex 3, par Virginie Despentes, éditions Grasset
CRITIQUE , ROMAN / 17 juillet 2017

Qu’avons-nous fait de nos rêves de vingt ans? Qu’en reste-t-il lorsque arrive la cinquantaine? C’est, en substance, les questions auxquelles répond Virginie Despentes avec la trilogie Vernon Subutex. Dans le premier tome, l’auteure jetait un regard acéré sur les années quatre-vingt. Vernon Subutex, disquaire en vogue, doit fermer sa boutique, crise du disque oblige. Il fait le tour de ses connaissances pour savoir qui peut l’héberger. Le deuxième volume nous livre un Subutex SDF, devenu une sorte de gourou entouré d’une bande hétéroclite dont chacun des membres est notamment décrit au travers des musiques qu’il écoute. Pour le troisième et dernier volet, Virginie Despentes donne le ton dès l’exergue en citant la chanson Lazarus de David Bowie. Si le roman est l’occasion de rendre hommage aux grands disparus de l’année 2016, Bowie, Prince et Lemmy, du groupe Motörhead, il est aussi l’occasion de mettre une croix sur bien des espoirs nés dans les eighties. L’amour, la fraternité, que Subutex va pourtant faire renaître lors des convergences, rendez-vous musicaux sauvages et déconnectés, mais aussi la politique, celle de la gauche en particulier. Le regard de Virginie Despentes sur l’état du monde est lucide et sans concession: homophobie et racisme décomplexés, peur…