Le Paris d’Apollinaire, par Franck Balandier, Éditions Alexandrines
BIOGRAPHIE , CRITIQUE , POESIE / 26 septembre 2018

[RENTRÉE AUTOMNE 2018] J’ai déjà dit tout le bien  que je pense d’APO, l’excellent ouvrage de Franck Balandier aux éditions Le Cator Astral Et voici qu’APO est fort judicieusement accompagné d’un joli petit volume de l’excellente collection Le Paris des Écrivains des Éditions Alexandrines. Point de fiction en l’occurrence; Franck Balandier met sa plume au service d’Apollinaire et, surtout, de Paris. Le lecteur attrape donc Apollinaire lorsqu’il arrive à Paris. Il a dix-neuf ans et mange son pain noir. Il se lasse vite des petits boulots, voit deux de ses poèmes publiés par la revue La Plume et fréquente les soirées littéraires du café Le Soleil d’or. Apollinaire sait déjà où il faut se montrer et qui il faut fréquenter, comme il saura, plus tard, détecter la concurrence et, parfois, s’en servir: la modernité de Zone entre en effet en concurrence directe avec celle des Pâques à New York de Blaise Cendrars, qui deviendra son ami, mais qu’il se gardera pourtant bien de recommander au Mercure de France. Franck Balandier n’oublie rien, ni les amours, de Marie Laurencin à Jacqueline, en passant par Lou, ni les démêlés avec la justice (qui font le cœur d’APO), ni l’invention d’un nouveau mot…

APO, par Franck Balandier, Editions Le Castor Astral
BIOGRAPHIE , CRITIQUE , ROMAN / 9 septembre 2018

[RENTREE AUTOMNE 2018] 1911, 1918, 2015. Trois zones. Trois épisodes, réels ou imaginaires, liés au passage de Guillaume Apollinaire à la prison de la Santé. Trois occasions de parler de l’enfermement: la prison, la guerre et l’adolescence. En 1911, Apollinaire est donc incarcéré à la Santé, sous sa véritable identité (Wilhelm Kostrowitzky) pour complicité de vol. Quelques jours plus tôt, La Joconde a disparu du mur qu’elle occupait au musée du Louvre. Une sombre affaire à laquelle sont liés Apollinaire bien sûr, mais aussi Picasso et un certain Géry Piéret. Apollinaire restera marqué par ce séjour derrière les barreaux. «Montrer ses mains. Les tremper dans l’encre noire. Doigt par doigt. Une signature. L’empreinte du poète. Poser ses doigts sur le papier. Là où on t’ordonne de poser. Ne cherche pas à comprendre. C’est là. Dans les cases qui enferment. Le poète signe. Il n’a jamais signé ainsi. Chèque en blanc. Pour de prochains poèmes. Il signe de ses phalanges. De ses digitales innocences. Il a confiance, Guillaume. Il aime assez l’idée d’être réduit à cette encre de mauvaise qualité et baveuse. Il aime exister autrement, par ses phalanges. C’est quoi la différence entre l’empreinte d’un poète et celle d’un criminel?»…

Gazoline Tango, par Franck Balandier, Editions Le Castor Astral
CRITIQUE , ROMAN / 12 septembre 2017

[RENTREE AUTOMNE 2017] «L’humour est la politesse du désespoir» disait Boris Vian. «C’est qu’il évite d’en incommoder les autres. Il y a du tragique dans l’humour: mais c’est un tragique qui refuse de se prendre au sérieux. Il travaille sur nos espérances, pour en masquer les limites; sur nos déceptions, pour en rire; sur nos angoisses, pour les surmonter» ajoute André Comte-Sponville. Tout le roman de Franck Balandier tient dans ces deux définitions. Que nous est-il arrivé depuis le 11 juillet 1983, date de naissance de Benjamin Granger, son personnage? En reste-t-il des souvenirs, ou nous sommes-nous contentés d’en fabriquer, pour survivre? Il y a quelque chose du Vernon Subutex de Virginie Despentes chez Benjamin: cette façon d’être en marge tout en étant dedans. Gazoline Tango parcourt d’ailleurs, à peu de choses près, la même période que la trilogie Subutex, des années 80 à nos jours. Mais là où Virginie Despentes porte un regard sociologique sur la société, Franck Balandier plonge dans la matière organique de ces années sexe, drogue et pas forcément rock’n’roll. Il va chercher, creuser, fouiller au plus profond de l’humain. Benjamin, né contre son gré et contre celui de sa mère, Isabelle, batteuse dans un groupe…