La valse des arbres et du ciel, par Jean-Michel Guenassia, éditions Albin Michel
CRITIQUE , ROMAN / 28 avril 2017

Dans ce beau roman de Jean-Michel Guenassia, c’est Marguerite Gachet, la fille du fameux Docteur Gachet, qui nous parle. Promise au fils du pharmacien depuis l’enfance, elle déroule sa vie de jeune fille de dix-neuf ans entre l’absence d’une mère décédée trot tôt et un père indifférent. La force de l’habitude règne en maîtresse absolue. Jusqu’à ce que débarque, d’abord dans la vie du Docteur, puis, très vite, dans celle de la jeune femme, un certain Vincent, peintre fauché de son état. Ce que nous lisons, ce sont les carnets de Marguerite, rédigés, semble-t-il, des années plus tard. Elle y raconte son histoire d’amour avec Van Gogh. Mais la jeune femme a une rivale imbattable, la peinture. Au travers de cette histoire d’amour, Jean-Michel Guenassia nous promène subtilement dans cette fin de 19è siècle. Le talent des Impressionnistes n’est pas encore reconnu et le Docteur Gachet, pas si bon que ça, flaire la bonne affaire. L’auteur nous plonge aussi au cœur de la création de Van Gogh. Enfin, et ce n’est pas la moindre des choses, il donne de la fin du peintre une version bien différente de celle retenue par la culture populaire. Un roman plaisant, à l’écriture ample,…

La vie aveugle, par Loïc Merle, Editions Actes Sud
CRITIQUE , ESSAI , ROMAN / 18 janvier 2017

Heureux hasard, cette lecture intervient tout de suite après celle de La Cheffe, roman d’une cuisinière, de Marie Ndiaye. La vie aveugle de Loïc Merle, traite en fait du même sujet. Pourquoi les artistes créent-ils? Pour qui? Qu’en est-il des honneurs et de la reconnaissance? La vie aveugle est à la croisée du roman et de l’essai. Divisé en deux parties, ce livre tient de la sainte colère, de l’appel au secours. La première partie se penche sur l’autoportrait en véronèse de Van Gogh. Le narrateur entend littéralement la voix du peintre et l’auteur nous raconte le parcours de cette toile d’abord offerte à Gauguin puis notamment montrée lors de l’exposition itinérante organisée par les nazis et consacrée à l’art dégénéré. Loïc Merle va même jusqu’à imaginer Samuel Beckett en visiteur de cette exposition. La deuxième partie, beaucoup plus romanesque, est écrite d’un seul trait de plume sur près de 140 pages, sans paragraphes, comme si l’intégralité de l’écriture, et donc de la lecture, ne souffrait aucun répit. Le narrateur y rencontre Auguste Strahl, le plus grand peintre de ce début de siècle, peintre visiblement né de l’imagination de Loïc Merle. Strahl reçoit le narrateur dans sa ville d’adoption, le…