Bande originale de Prends le temps de penser à moi, par Gabrielle Maris Victorin
BANDE ORIGINALE , RECIT / 21 janvier 2018

7 janvier 2015, la date est encore dans toutes les mémoires. C’est ce jour-là que la rédaction de Charlie Hebdo a été massacrée dans un attentat épouvantable. Presque deux ans après les événements, Gabrielle Maris Victorin rend hommage à son père, l’économiste, écrivain et romancier Bernard Maris, qui a perdu la vie ce jour-là. Dans Prends le temps de penser à moi, elle raconte avec pudeur les moments cruels, insoutenables, ceux de la découverte du drame et ceux de l’après drame: images en boucle sur les télévisions, reconnaissance du corps, liquidation de l’appartement paternel, récupération de ses effets personnels au poste de police. Et cet hommage n’est pas dénué de références musicales. «Je l’imagine, les jambes croisées, face à la mer, avec ses Ray-Ban d’aviateur, avec sa vieille casquette (il a toujours porté des chapeaux) et son journal, et je me souviens tout à coup de cette guarija chantée par Pepe de Lucia, qui lui plaisait tant, avec le va-et-vient d’une guitare indolente et les paroles de la letra: «Me gusta por ma nañana, despues del cafe bebio, pasearme por la Havana, con mi cigarro incendio, y sentarme muy tranquilo en mi silla o en mi sillón, y comprarme un…

Gazoline Tango, par Franck Balandier, Editions Le Castor Astral
CRITIQUE , ROMAN / 12 septembre 2017

[RENTREE AUTOMNE 2017] «L’humour est la politesse du désespoir» disait Boris Vian. «C’est qu’il évite d’en incommoder les autres. Il y a du tragique dans l’humour: mais c’est un tragique qui refuse de se prendre au sérieux. Il travaille sur nos espérances, pour en masquer les limites; sur nos déceptions, pour en rire; sur nos angoisses, pour les surmonter» ajoute André Comte-Sponville. Tout le roman de Franck Balandier tient dans ces deux définitions. Que nous est-il arrivé depuis le 11 juillet 1983, date de naissance de Benjamin Granger, son personnage? En reste-t-il des souvenirs, ou nous sommes-nous contentés d’en fabriquer, pour survivre? Il y a quelque chose du Vernon Subutex de Virginie Despentes chez Benjamin: cette façon d’être en marge tout en étant dedans. Gazoline Tango parcourt d’ailleurs, à peu de choses près, la même période que la trilogie Subutex, des années 80 à nos jours. Mais là où Virginie Despentes porte un regard sociologique sur la société, Franck Balandier plonge dans la matière organique de ces années sexe, drogue et pas forcément rock’n’roll. Il va chercher, creuser, fouiller au plus profond de l’humain. Benjamin, né contre son gré et contre celui de sa mère, Isabelle, batteuse dans un groupe…