La Cheffe, roman d’une cuisinière, par Marie Ndiaye, Editions Gallimard
CRITIQUE , ROMAN / 16 janvier 2017

Marie Ndiaye est une styliste, c’est indiscutable. Elle le prouve une fois de plus avec La Cheffe, roman d’une cuisinière. Le livre retrace la vocation, l’ascension et la chute d’une modeste employée de maison appelée à remplacer la cuisinière de la famille bourgeoise qui l’emploie La confection de son premier repas nous est contée par le menu, sans omettre le moindre détail, sur des dizaines de pages. Puis la Cheffe occupera son premier emploi dans un restaurant de Bordeaux avant d’ouvrir son propre établissent, la Bonne Heure. Toute l’histoire est narrée par son plus dévoué, son plus attentif et son plus amoureux employé qui, au moment de nous parler de son idole, a pris sa retraite à Lloret de Mar, station balnéaire catalane où il attend sa fille, Cora. Le roman pêche précisément par ce qu’il dénonce. La Cheffe se bat contre le clinquant, l’inutile, le superflu. Elle cherche à donner aux produits leur dignité, leur vraie valeur, leur vraie saveur. Elle fuit les honneurs et les compliments. Le roman pourrait d’ailleurs fort bien être une métaphore du métier d’écrivain. Marie Ndiaye y fait brièvement allusion : «Il m’arrive d’oublier, quand je m’adresse à vous, quand je pense à la…