Relever les déluges, par David Bosc, éditions Verdier

12 août 2017

C’est aux Illuminations de Rimbaud que David Bosc emprunte le titre générique de ces quatre nouvelles que l’auteur préfère d’ailleurs appeler des récits. Quatre récits pour quatre personnages. Frédéric II de Hohenstaufen d’abord, à qui Guillaume de Capparone «fait l’infamant cadeau de la liberté (car personne n’en veut, à cette heure, et le mot lui-même ne fait rêver que les fous).» Honoré Mirabel ensuite, paysan du Pertuis qui s’invente la découverte d’un trésor, ce qu’il fait croire autour de lui. Le leurre lui procure une liberté dont il sait qu’il devra payer le prix fort en cette année 1729. Miguel, homme de La Mancha, vit en 1938 et s’engage pour lutter contre les fascistes espagnols. Mais lorsque la liberté pour laquelle il se bat vient à manquer au sein de ses propres rangs, il choisit la montagne et la forêt. Denis, enfin, est proche d’un groupuscule anarchiste dans le Marseille des années 1980. Proche ne signifie pas inclus. Et c’est bien là le point commun à ces quatre personnages qui font, en pionniers et en solitaires, l’expérience de la liberté, ce bien dont personne ne veut. Ce court recueil, qui se promène à travers les siècles, dit aussi beaucoup du monde d’aujourd’hui, de la peur qu’engendre encore la liberté. Les quatre personnages de David Bosc osent bousculer l’ordre du monde, même modestement, dans une Europe moins crispée et moins frileuse qu’elle ne l’est aujourd’hui: «Personne ici n’avait l’aplomb de désigner l’autre comme l’étranger. On préférait rivaliser de talent.»

Le talent, David Bosc n’en manque pas. Une écriture d’une grande richesse, mais qui suggère plus qu’elle n’impose. Les références sont nombreuses, explicites ou non, mais ne compliquent en rien une lecture qui vous laissera forcément une empreinte pour longtemps.

Relever les déluges, par David Bosc, éditions Verdier, 2017, 91 pages.

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Un commentaire

  • Nine 14 août 2017 à8 h 19 min

    Quel sujet ! Passionnant lorsque les époques, les milieux sociaux, les ideaux se font écho …. le 5eme récit, celui du XXIe siècle, reste à écrire (je pense et j’espère que plusieurs experiences de vie pourraient/pourront être source d’inspiration). Belle chronique !